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Etats-Unis : Des millions de bénéficiaires de la sécu de plus de 100 ans ? Attention à cette intox de Trump au Congrès

Durant une heure quarante, Donald Trump a déroulé mardi son premier discours de politique générale devant le Congrès des Etats-Unis (en intégralité ici). L’occasion pour le président américain de vanter les débuts de son mandat, notamment sur la question des coupes budgétaires et de l’immigration, mais également de se livrer à plusieurs approximations et contre-vérités.

Parmi elles, on peut citer la charge contre le système de Sécurité sociale américain, présenté comme extrêmement défaillant et gangrené par la fraude. Pointant du doigt les « niveaux choquants d’incompétence » Donald Trump a affirmé que « les bases de données gouvernementales répertorient 4,7 millions de numéros de Sécurité sociale de personnes âgées de 100 à 109 ans », « 3,6 millions de personnes âgées de 110 à 119 ans » ou encore « 3,9 millions de personnes âgées de 130 à 139 ans ». Continuant son énumération, il a pour finir mentionner « une personne de 360 ans, soit plus de 100 ans de plus que notre pays ».

FAKE OFF

Ce n’est pas la première fois que Donald Trump aborde cette supposée fraude à très grande échelle de la Sécurité sociale américaine. Il avait déjà fait une déclaration similaire lors d’une conférence de presse en février. Ces accusations se basent sur des chiffres révélés par Elon Musk, à la tête de la Commission à l’efficacité gouvernementale, surnommé Doge. Ce dernier avait précédemment posté sur son réseau social X une capture d’écran d’un tableur censé révéler l’ampleur de la fraude, avec des chiffres similaires à ceux énoncés par Donald Trump devant le congrès. Sans donner plus de précision sur leur origine, il indiquait alors qu’ils provenaient de la base de données de la Sécurité sociale, et correspondaient au « nombre de personnes dans chaque tranche d’âge avec le champ de décès défini sur FAUX ».

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En réalité, ces données ne correspondent pas aux personnes bénéficiaires de versements de la part de Sécurité sociale, mais aux personnes qui bénéficient d’un numéro de Sécurité sociale, dont la date de décès n’est pas renseignée.

Comme le souligne un rapport du Bureau de l’Inspecteur général de la Sécurité sociale datant de juillet 2023, la base de données (du nom de Numident) « comprenait environ 18,9 millions de titulaires de numéros nés en 1920 ou avant, mais dont le dossier Numident ne contenait aucune information sur le décès ». Cela s’explique par le fait qu’un grand nombre d’entre eux sont décédés avant l’introduction de la déclaration de décès de manière électronique.

Comme le mentionne également l’agence américaine Associated Press, l’explication est notamment à chercher du côté du langage de programmation utilisé par le logiciel de la Sécurité sociale, qui attribue par défaut un point de référence datant d’il y a plus de 150 ans pour les entrées dont la date de naissance est manquante.

Pas de versement pour les personnes âgées de 115 et plus depuis 2015

Parmi ces millions de personnes, combien bénéficient de la Sécurité sociale ? D’après ce même rapport « environ 44.000 » personnes, sans que l’on sache si ces versements sont indus ou non.

Surtout, les insinuations de Donald Trump et Elon Musk sont trompeuses car en réalité l’administration de la Sécurité sociale américaine a stoppé les versements aux personnes âgées de 115 ans ou plus depuis 2015. Le nombre officiel de personnes bénéficiant de la Sécurité sociale aux Etats-Unis est connu, et consultable sur le site de l’administration. On y apprend qu’en 2024, 68.455.973 personnes ont reçu des prestations. Parmi elles, 89.106 avaient 99 ans ou plus.

Enfin, pour ce qui est des réelles erreurs dans le versement des prestations, un rapport de 2024 du Bureau de l’Inspecteur général de la Sécurité sociale estime qu’entre 2015 et 2022, l’administration a effectué « environ 71,8 milliards de dollars de paiements indus », dont la plupart étaient des trop-perçus. Cela représente 0,84 % du total des prestations versées.