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Etats-Unis : Des migrants détenus dans l’« Alcatraz des alligators » dénoncent des « tortures »

Dans les marécages des Everglades en Floride, un immense centre de rétention surgit comme une forteresse hors du temps. Surnommé « l’Alcatraz des alligators » par la Maison-Blanche, ce camp de 3.000 places inauguré début juillet fait déjà l’objet de multiples polémiques, entre accusations de torture psychologique et recours judiciaires.

Les témoignages recueillis décrivent un quotidien oppressant : cellules sans fenêtres, éclairées en permanence, absence d’horloge ou de télévision. « Je n’ai pas vu la lumière du soleil depuis 14 jours », raconte Luis Gonzalez, un Cubain de 25 ans. Pour ce demandeur d’asile débouté, « même un animal ne serait pas traité ainsi ».

Humiliations et conditions extrêmes

Arrêté le mois dernier après le rejet de son dossier, Luis Gonzalez affirme avoir été menotté plus de 24 heures dans un bus avant son arrivée. Depuis, il partage un espace grillagé avec une trentaine d’hommes, entourés de barbelés, avec trois toilettes rarement nettoyées. « À la cantine, nous devons marcher les mains sur la tête comme si nous étions des meurtriers », confie-t-il. Canicule le jour, froid glacial la nuit et moustiques omniprésents complètent ce climat de détention.

Les carences médicales inquiètent particulièrement les avocats. Michael Borrego Fernandez, 35 ans, a été opéré en urgence d’hémorroïdes après avoir été ignoré malgré des douleurs sévères. Sans antibiotiques postopératoires, il a dû retourner à l’hôpital pour infection. Marcos Puig, 31 ans, explique avoir brisé les toilettes de sa cellule en signe de protestation : il assure avoir été battu et laissé à genoux douze heures dans un espace sans caméras. Quant à Rafael Collado, 63 ans, il a confié à sa compagne avoir tenté de se suicider et commencé une grève de la faim.

Contestations judiciaires et appel à la fermeture

Construit à la hâte sur un ancien aérodrome, ce camp militaire sous tentes blanches est désormais attaqué en justice. Les plaintes visent à la fois les conditions de détention et l’absence d’accès à la justice pour les migrants. « Il y a des gens qui sont là depuis leur arrivée et qui n’ont toujours pas vu de juge. C’est complètement illégal », dénonce l’avocate Magdalena Cuprys.

Notre dossier sur les Etats-Unis

Alors que Donald Trump assume vouloir rouvrir l’Alcatraz historique de San Francisco, son « Alcatraz des alligators » en Floride cristallise la controverse : symbole de fermeté pour ses partisans, il est déjà qualifié de scandale humanitaire par ses opposants.