Etats-Unis : 24 heures de discours… et toujours debout, on vous explique ce discours hors norme au Sénat américain

Le sénateur Cory Booker tient tête à l’administration Trump… littéralement. En occupant la tribune du Sénat américain pendant plus de 23 heures d’affilée (et ce n’est pas terminé), l’élu démocrate du New Jersey signe l’un des discours les plus longs de l’histoire parlementaire américaine, dénonçant « les attaques contre la démocratie » orchestrées selon lui par la Maison-Blanche, et critiquant ouvertement Donald Trump et son conseiller Elon Musk pour leur « mépris total de l’État de droit, de la Constitution et des besoins du peuple américain »
Entamée lundi à 19 heures (heure de Washington), son intervention s’est poursuivie jusqu’à mardi soir. Booker, ancien joueur de football devenu sénateur et ex-candidat à la présidentielle, a promis de parler « aussi longtemps que physiquement possible ». Dès les premières minutes, il avait annoncé la couleur : « Ce ne sont pas des temps normaux, et ils ne doivent pas être traités comme tels. »
Une épreuve d’endurance politique et physique
Sans pause repas, sans quitter la salle – pas même pour aller aux toilettes – Cory Booker a tenu tête à ses adversaires politiques. Il s’est contenté de deux verres d’eau et a fait retirer sa chaise pour éviter la tentation de s’asseoir. Il a lu des lettres de citoyens, évoqué la Sécurité sociale, la santé, l’éducation, et la place des États-Unis dans le monde.
« Je peux avoir peur, ma voix peut trembler… mais je parlerai quand même », a-t-il déclaré. Seuls de courts relais assurés par ses collègues démocrates pour lui poser des questions lui ont permis de reprendre son souffle.
Une « crise constitutionnelle imminente »
Il a mis en garde contre une « crise constitutionnelle imminente » et cité les propos controversés de Donald Trump, notamment à propos de l’annexion du Groenland ou du Canada.
Contrairement à un « filibuster » classique, technique parlementaire consistant à parler sans interruption pour bloquer un vote, la démarche de Booker n’avait pas de portée procédurale immédiate. Son objectif était avant tout de dénoncer publiquement l’orientation politique de Donald Trump et de mobiliser l’opinion. Chuck Schumer, chef des démocrates au Sénat, est venu saluer son engagement. Des membres du Congressional Black Caucus, parmi lesquels Hakeem Jeffries, l’ont soutenu depuis la galerie.
Un espoir pour une nouvelle génération démocrate ?
Déjà pressenti comme un visage du renouveau démocrate, Booker, ex-maire de Newark, pourrait trouver dans ce discours-marathon un tournant politique.
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Son intervention est actuellement suivie par des centaines de milliers d’internautes en direct. Booker s’est aussi souvenu de son ami John Lewis, figure historique des droits civiques : « Les droits civiques n’ont pas été obtenus parce que Strom Thurmond a vu la lumière après 24 heures de discours. Ils l’ont été parce que des gens ont marché, ont saigné. » Booker vient de dépasser le record de Strom Thurmond, qui avait parlé pendant vingt-quatre heures et 18 minutes d’affilée en 1957 afin de s’opposer à la loi sur les droits civiques.