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États-Unis : 24.000 agents déployés à la frontière avec le Mexique

Cette règle, censée limiter la propagation du Covid-19, conférait la possibilité aux autorités américaines de refouler immédiatement tous les migrants entrés dans le pays, y compris les demandeurs d’asile. En trois ans, elle a été utilisée à 2,8 millions de reprises.

À l’approche de sa levée, les villes frontalières comme Brownsville, Laredo et El Paso, ont vu arriver de nombreux candidats à l’exil, venus principalement d’Amérique latine mais aussi de Chine, de Russie ou de Turquie.

À El Paso, des centaines de personnes dorment dans les rues, protégées du soleil par des draps ou allongées sur des cartons, pendant que des enfants mendient. Le maire Oscar Leeser s’attend à une vague de “12.000 à 15.000 personnes” en fin de semaine.

Pour aider les autorités locales, le gouvernement a annoncé mercredi le déploiement de “plus de 24.000 agents et forces de l’ordre, ainsi que plus de 1.100 coordinateurs” de la police aux frontières. C’est sans compter les 1.500 soldats dépêchés par le ministère de la Défense, en renfort des 2.500 déjà sur place.

Deux à trois fois plus de vols

En parallèle, les ministères de la Justice et de la Sécurité intérieure ont finalisé de nouvelles restrictions au droit d’asile. Annoncées en février, elles ont fait l’objet d’une procédure obligatoire de consultation et entreront en vigueur dès jeudi soir.

Avant de se présenter à la frontière, les demandeurs d’asile, à l’exception des mineurs isolés, devront désormais avoir obtenu un rendez-vous sur une application téléphonique mise en place par les gardes-frontières, ou s’être vu refuser l’asile dans un des pays traversés lors de leur périple migratoire.

Dans le cas contraire, leur demande sera présumée illégitime et ils pourront faire l’objet d’une procédure d’expulsion accélérée, leur interdisant pendant cinq ans l’entrée sur le sol américain.

Les États-Unis prévoient donc d’augmenter les vols de rapatriement, qui doubleront ou tripleront pour certaines destinations. Quelque 7.000 places supplémentaires seront créées dans les centres de rétention, afin que les migrants ne disparaissent pas dans le pays en attendant l’examen de leur dossier.

Pour encourager les voies légales d’immigration, Washington a prévu d’ouvrir à terme une centaine de “centres régionaux de gestion”, situés en dehors du pays, et où seront étudiés les dossiers des candidats à l’émigration. Les premiers sont prévus en Colombie et au Guatemala.

Angoisse

Ces changements créent une grande confusion chez ceux qui rêvent de l’eldorado américain. “On ne sait pas ce qui se passe”, confie Michel, un Vénézuélien croisé par l’AFP à Ciudad Juarez, au Mexique, à quelques 300 mètres de la frontière. “Ils ne sont pas capables de nous donner une option qui nous donnerait une bonne chance d’entrer”, dit-il, angoissé.

Ces nouvelles règles ont été vivement critiquées par les associations de défense des migrants qui accusent Joe Biden de mener une politique migratoire pas si différente de son prédécesseur Donald Trump.

Les républicains, vent debout devant la levée du “Titre 42”, lui font en revanche un procès en laxisme, l’accusant d’avoir transformé la frontière en “passoire”.

Le président de 80 ans, qui vient d’annoncer sa candidature pour un second mandat en 2024, tente de désamorcer ces critiques en se livrant à un véritable numéro d’équilibriste, alternant message de fermeté et d’humanisme.

À côté des nouvelles restrictions, son gouvernement octroie en effet 30.000 visas supplémentaires par mois aux ressortissants de Cuba, Venezuela, Guatemala et Haïti.

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