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Espagne : Madrid, sous la droite, suspend une formation sur le franquisme pour enseignants

Le programme de formation sur le franquisme destiné aux enseignants a été subitement suspendu par la région de Madrid, qui a expliqué que ce cours n’avait pas été validé par la direction du Centre territorial d’innovation et de formation. En 2022, le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez a voté une loi de « mémoire démocratique » qui prévoit la création d’un registre des victimes du franquisme et le retrait des symboles de la dictature.


Le programme a été anéanti de manière inattendue. La région de Madrid, dirigée par un membre de l’opposition de droite en Espagne, a choisi de suspendre une formation sur le franquisme destinée aux enseignants, dans un pays encore divisé sur cette question 50 ans après la mort du dictateur.

Le cours « Aborder le franquisme et la mémoire démocratique dans les salles de classe » n’avait pas été validé par la direction du Centre territorial d’innovation et de formation, qui a décidé de le retirer temporairement afin de vérifier que son contenu était conforme aux lignes directrices établies dans le Plan de formation du centre, a expliqué la région de Madrid jeudi. Cependant, aucune précision n’a été fournie concernant les raisons exactes de cette suspension, ni pour savoir si le cours pourrait être à nouveau proposé à l’avenir.

« L’ignorance d’une grande partie de la population actuelle, notamment des jeunes qui entrent dans la citoyenneté active, du processus ayant permis à la société espagnole de retrouver ses libertés et ses droits démocratiques, rend nécessaire que les enseignants repensent la manière dont l’histoire récente de notre pays est traitée dans les salles de classe », précisaient les objectifs accompagnant la création de ce cours, présenté en février, et cité jeudi par le quotidien El Pais.

La classe politique divisée sur le franquisme

À l’issue d’une guerre civile de trois ans (1936-1939) ayant causé plusieurs centaines de milliers de morts, le général Franco, alors allié du régime nazi, régna sur l’Espagne d’une main de fer pendant trente-six ans.

Franco est décédé paisiblement le 20 novembre 1975 à l’âge de 82 ans dans un hôpital de Madrid après une longue maladie. Deux ans plus tard, l’Espagne célébrait des élections démocratiques et en 1978, la Constitution actuelle fut adoptée par référendum.

Le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez a fait voter en 2022 une loi de « mémoire démocratique » visant notamment à créer un registre des victimes du franquisme et à retirer les symboles de la dictature, un texte vivement critiqué par l’opposition de droite qui accuse la gauche de rouvrir les blessures du passé sous prétexte de mémoire, promettant de l’abroger si elle revenait au pouvoir.

À l’occasion du 50e anniversaire de la mort du dictateur et pour célébrer le début de la transition vers la démocratie, le gouvernement avait annoncé une série d’événements commémoratifs tout au long de l’année 2025, une initiative qui a provoqué des divisions au sein de la classe politique.