Espagne : Après les incendies ravageurs, le Premier ministre appelle à l’unité

Pour sa rentrée politique, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a appelé lundi à l’unité nationale face à « l’urgence climatique » et fait de la prévention des feux de forêt, « clairement insuffisante » à ses yeux, une priorité.
Le chef de gouvernement socialiste a détaillé les propositions du « pacte national pour faire face à l’urgence climatique » qu’il avait annoncé au cœur du mois d’août, pendant la vague d’incendies qui a fait quatre morts et ravagé quelque 330.000 hectares en une quinzaine de jours, essentiellement dans l’ouest de l’Espagne.
Prévention « clairement insuffisante »
En cause selon lui dans ces feux de forêt dévastateurs : une politique de prévention « clairement insuffisante », une gestion du territoire « inadéquate » et « l’urgence climatique qui fait que les incendies sont aujourd’hui plus virulents ». « Les incendies de sixième génération, c’est ainsi qu’on appelle les incendies qui ont ravagé plus de 300.000 hectares dans notre pays, ne s’éteignent pas en été, ils s’éteignent […] en travaillant tous les jours de l’année », a plaidé Pedro Sánchez.
Ces feux sont survenus notamment à la faveur de la plus intense vague de chaleur jamais connue par le pays depuis le début des relevés de l’Agence météorologique espagnole en 1975, qui a fait environ 1.149 décès entre le 3 et le 18 août, selon des estimations de l’Institut de recherche en Santé publique Carlos III.
Affrontements entre les socialistes et leurs opposants
Comme lors des inondations meurtrières qui avaient frappé la région de Valence en octobre 2024, ces incendies ont été l’objet d’intenses polémiques opposant le gouvernement central de Pedro Sánchez et son opposition de droite qui dirige les régions où ils ont été les plus dévastateurs. Le gouvernement a accusé les conservateurs du Parti populaire (PP) de nier le changement climatique et d’avoir négligé les programmes de prévention dans les régions qu’ils dirigent.
Le PP, lui, attribue en grande partie la responsabilité de ces incendies à des pyromanes et accuse le gouvernement central de ne pas avoir fourni suffisamment de moyens et de renforts. « Les effets de l’urgence climatique deviennent de plus en plus graves et s’accélèrent, dépassant toutes les prévisions scientifiques faites il y a des années », a déclaré lundi le Premier ministre.
« Si nous voulons que les prochains étés ne nous apportent pas de nouveaux malheurs et que les prochains automnes ne nous frappent pas de la manière dont ils nous frappent avec des inondations, nous devons agir dès maintenant et nous devons le faire ensemble », a plaidé Pedro Sánchez. « Laissons de côté les disputes sur les compétences [des régions et de l’Etat], les disputes territoriales et partisanes », a-t-il insisté.
Lutter contre le dépeuplement des zones rurales
Parmi les mesures qu’il entend mettre en œuvre via le « pacte national » qu’il présentait, Pedro Sánchez a évoqué la création de fonds pour permettre des travaux de nettoyage ou de construction dans les municipalités touchées par les incendies, le maintien de moyens de lutte (pompiers, agents forestiers, etc.) tout au long de l’année, ou l’amélioration de la coordination de la gestion de ces crises entre gouvernement central et autorités régionales. Il a aussi plaidé pour la mise en œuvre de moyens visant à « avancer vers un modèle de gestion forestière » adapté au XXIe siècle ou à lutter contre le dépeuplement des zones rurales du pays.
Dans un climat politique très polarisé, le chef de gouvernement va devoir continuer à faire l’équilibriste lors de cette rentrée : sans majorité au parlement, il va aussi faire face à une rentrée judiciaire chargée, avec plusieurs de ses proches mis en cause dans des affaires de corruption.

