International

Entre Washington et Pékin, une liste de sujets inflammables

Le 4 février 2023, les Etats-Unis abattent un ballon chinois qui survolait leur territoire et faisait partie, selon eux, d’un programme d’espionnage mondial du régime communiste.

La Chine dément avec véhémence, accuse en retour Washington d’envoyer des ballons dans son espace aérien, ce que les Américains nient.

L’incident fait capoter la visite très attendue du chef de la diplomatie américaine à Pékin.

Ballon d’observation chinois abattu aux USA: la tension monte encore d’un cran entre Pékin et Washington

Taïwan, île de la discorde

Les passes d’armes sont récurrentes sur le sort de Taïwan, régi par un gouvernement démocratique mais que la République populaire de Chine, depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949, entend attacher à son territoire, par la force si nécessaire.

En 2021, puis en 2022, le président américain Joe Biden affirme que son pays défendrait Taïwan en cas d’invasion par la Chine. Il atténue ensuite ses propos en réaffirmant la politique américaine d' »une seule Chine » et du maintien du statu quo de l’île.

Mais la visite à Taipei de Nancy Pelosi, alors cheffe des députés américains, en août, attise les tensions. La Chine réplique par des manoeuvres militaires d’ampleur inédite autour de Taïwan.

« Qui en supportera les conséquences catastrophiques? »: Pékin met en garde Washington contre un risque de « conflit »

Le nucléaire nord-coréen

Les Etats-Unis accusent les Chinois de couvrir les « violations répétées » des Nord-Coréens, qui ont lancé un nombre record de missiles balistiques en 2022, mais réclament l’aide de Pékin pour dissuader Pyongyang de procéder à un essai nucléaire, qui serait le premier depuis 2017.

Selon les analystes, la Corée du Nord espère échapper à toute nouvelle sanction des Nations unies grâce aux blocages au Conseil de sécurité de la Chine, principal allié de Pyongyang, et de la Russie.

La guerre en Ukraine reste un autre sujet de dissension, les Etats-Unis soupçonnant Pékin de vouloir livrer des armes à Moscou.

Mer de Chine méridionale

Ignorant le jugement d’une cour internationale d’arbitrage, Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, espace stratégique aux riches ressources énergétiques et halieutiques, face aux Philippines et à d’autres pays – dont de nombreuses prétentions territoriales se chevauchent.

En février 2023, Manille et Washington, liés par un traité de défense mutuelle de 1951, consolident leur alliance permettant à l’armée américaine d’accéder à certaines bases philippines et d’y stocker du matériel militaire.

Guerre des puces

Les Américains ont perdu, au profit de la Chine, leur position dominante dans la fabrication des semi-conducteurs, objet d’une bataille féroce.

En octobre 2022, Washington, au nom de la « sécurité nationale », annonce de nouveaux contrôles à l’exportation pour limiter l’achat et la fabrication par Pékin de puces haut de gamme « utilisées dans des applications militaires ».

Face à ces restrictions, la Chine dépose une procédure auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

La répression des Ouïghours

L’administration Biden a repris à son compte l’accusation de « génocide » au Xinjiang, région du nord-ouest de la Chine peuplée notamment de musulmans ouïghours et lieu d’attentats sanglants durant des années. Accusant des séparatistes et des islamistes, les autorités chinoises ont lancé il y a quelques années une grande campagne de répression au nom de l’antiterrorisme.

Le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme évoque la possibilité de « crimes contre l’humanité », ce que rejette Pékin, également accusé par les pays occidentaux d’enfermer massivement les Ouïghours dans des camps de rééducation.

Depuis juin 2022, Washington interdit l’importation d’un large éventail de produits fabriqués au Xinjiang pour sanctionner ce qu’il présente comme le « travail forcé » de Ouïghours.

Soutien à Hong Kong

Fin janvier 2023, Joe Biden ordonne la prolongation de deux ans du programme permettant aux Hongkongais résidant aux Etats-Unis, dont beaucoup cherchent à échapper à la répression chinoise, d’y rester au-delà de la durée permise par leurs visas.

Il dénonce l' »attaque contre l’autonomie de Hong Kong » et l' »affaiblissement » des institutions démocratiques.

Les amours contrariées de Pékin et Moscou

L’origine du Covid

L’ex-président américain Donald Trump avait affirmé, sans preuve, que le virus du Covid-19 avait fuité fin 2019 d’un laboratoire en Chine, une théorie farouchement contestée par le président Xi Jinping.

Plus en retrait, Joe Biden a néanmoins accusé Pékin de cacher des « informations cruciales » sur l’origine du virus.

La polémique rebondit fin février, le ministère américain de l’Energie (DoE) privilégiant désormais la piste d’une fuite de laboratoire en Chine, laquelle s’estime « salie » par ces accusations.