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En grève de la faim, un Palestinien décède dans une prison israélienne

L’administration pénitentiaire israélienne a annoncé dans un communiqué la mort d’un prisonnier affilié au Jihad islamique, “retrouvé inconscient dans sa cellule” puis hospitalisé.

L’organisation Physicians for human rights Israel lui avait récemment rendu visite et appelé à son hospitalisation “immédiate”, affirmant que sa vie était en danger.

”Khader Adnane a choisi la grève de la faim en dernier recours, un moyen non violent de protester contre l’oppression dont lui et son peuple font l’objet”, a réagi l’organisation mardi.

Lors d’une conférence de presse à leur domicile d’Arraba, dans le nord de la Cisjordanie occupée, son épouse Randa Moussa a déclaré que son décès était une “fierté”.

Vendredi, elle avait dit à l’AFP que ses conditions de détention étaient “très difficiles” et qu’Israël avait refusé de le transférer vers un hôpital civil et d’autoriser la visite de son avocat.

”Les instructions aux services pénitentiaires sont celles d’une tolérance zéro envers les grèves de la faim et les perturbations dans les prisons”, a déclaré mardi le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, ajoutant que des cellules avaient été fermées dans la foulée de ce décès pour “éviter des émeutes”.

Tirs de Gaza

”Nous ne voulons pas qu’une goutte de sang soit versée, nous ne voulons pas que quelqu’un réponde au martyre de cheikh (Adnane), nous ne voulons pas que quelqu’un tire des roquettes et qu’on frappe Gaza par la suite”, a pour sa part clamé mardi l’épouse du défunt.

A l’aube, trois roquettes et un obus de mortier ont été tirés de Gaza vers Israël, tombant dans des terrains vagues ou près de la barrière frontalière, a annoncé l’armée israélienne.

Les tirs n’ont toutefois pas été revendiqués à ce stade.

Après l’annonce du décès, le Jihad islamique, une organisation considérée comme “terroriste” par Israël, les États-Unis et l’Union européenne, a affirmé qu’Israël “paiera (it) le prix de ce crime”.

En août 2022, trois jours d’affrontements entre Israël et le Jihad islamique avaient causé la mort de 49 Palestiniens, incluant 12 membres du Jihad islamique selon le mouvement, et au moins 19 enfants d’après l’ONU. Environ 200 roquettes avaient été tirées par le Jihad islamique de Gaza vers Israël, faisant trois blessés.

Mardi matin, des commerçants palestiniens ont fermé leurs boutiques en Cisjordanie, répondant à un appel à la grève générale, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Dans le nord de ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, un Israélien a été blessé par des éclats de verre et deux véhicules ont été endommagés par des coups de feu, selon l’armée israélienne, à la recherche de suspects.

”Assassiné”

Khader Adnane avait entamé sa grève de la faim dès le début de son incarcération le 5 février, a indiqué l’administration pénitentiaire, affirmant qu’il “refusait de subir des examens médicaux et de recevoir des soins”.

Il avait été inculpé en raison de son implication au sein du Jihad islamique et pour des discours en soutien à une organisation hostile, a déclaré à l’AFP un responsable israélien sous couvert d’anonymat.

La cour d’appel militaire avait rejeté sa demande de libération, d’après cette source.

Si d’autres détenus en grève de la faim ont succombé des suites d’une alimentation forcée, il est le premier à décéder directement d’une telle action, a indiqué à l’AFP le président du Club des prisonniers palestiniens, Qaddoura Fares.

Le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, a accusé Israël d’avoir “assassiné” Adnane “en rejetant ses appels à le libérer, en le négligeant médicalement et en le gardant dans sa cellule malgré la gravité de son état de santé”.

La Ligue arabe a estimé que sa mort était “le résultat d’une politique délibérée de négligence médicale”.

Dans une lettre diffusée le 1er avril par le Club des prisonniers, Adnane écrivait : “Je vous envoie ces mots alors que ma chair et ma graisse ont fondu, mes os sont nécrosés et ma force a diminué […]. Je prie pour que Dieu m’accepte comme un martyr dévoué”.

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