En désaccord avec Madagascar, la France réaffirme sa souveraineté sur les îles Eparses

Réunis lundi à Paris pour la première fois depuis 2019 dans le cadre de la commission mixte Madagascar-France, les chefs de la diplomatie des deux pays ont ravivé un litige ancien sans en dénouer les fils. Si la réunion, présidée par Jean-Noël Barrot et son homologue malgache Rafaravavitafika Rasata, a permis de rétablir un canal de dialogue, elle n’a débouché sur aucun progrès notable quant à la gestion ou au statut des îles Eparses, cet archipel stratégique du canal du Mozambique.
Dans un communiqué conjoint publié vendredi, les deux parties ont sobrement reconnu « l’existence d’un différend sur la question de la souveraineté » de ces îles, dont les terres émergées couvrent à peine 7 km2, mais dont l’importance géopolitique et écologique est considérable. La France, qui contrôle ces confettis (Europa, Juan de Nova, Bassas da India, Glorieuses et Tromelin) réaffirme que sa souveraineté n’est pas discutable, les îles ayant été découvertes à l’époque comme « terra nullius », c’est-à-dire sans population résidente.
La France aurait causé des « dommages »
Mais Madagascar, qui revendique également ces territoires depuis son indépendance, a durci le ton. Selon la partie malgache, la souveraineté française aurait causé des « dommages » pour lesquels elle exige désormais une indemnisation. Une demande qualifiée d’« étonnante » côté français, et qui n’a pas été reprise dans le communiqué commun. Antananarivo a également appelé à la fin des actions unilatérales menées par Paris sur ces îles et plaidé pour l’instauration d’un « cadre de partenariat respectueux ».
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En dépit du désaccord de fond, les deux Etats ont souligné une « volonté sincère » de coopérer sur certains sujets techniques : la protection de la biodiversité, la recherche scientifique, l’économie bleue et la sécurité maritime. Grâce aux îles Eparses, la France contrôle plus de la moitié du canal du Mozambique, redevenu un carrefour stratégique pour le commerce maritime mondial. Ce territoire ultramarin contribue à faire de la France la deuxième puissance maritime mondiale, avec un espace marin de 10 millions de km², dont 27 % dans cette seule région.