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Elections en Grèce: stop ou encore pour le conservateur Mitsotakis?

Derrière les deux favoris, Nikos Androulakis, leader des socialistes du Pasok-Kinal, se verrait bien jouer les « faiseurs de roi ».

Les sondages donnent une avance de 5 à 6 points au camp Mitsotakis, au pouvoir depuis quatre ans.

La Nouvelle-Démocratie est créditée de 30,7% à 33,6% des intentions de vote, tandis que Syriza, qui s’est largement recentré à gauche, pourrait rafler de 25,7% à 26,9% des suffrages.

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Un tel score pour la droite ne lui permettrait pas de gouverner seule. Mais Kyriakos Mitsotakis, 55 ans, a exclu de former une coalition, dans un pays dont la culture politique ne repose pas sur le compromis.

Alexis Tsipras, 48 ans, a déjà fait des appels du pied au Pasok-Kinal mais celui-ci a formulé des exigences.

En cas d’impossibilité de former un attelage gouvernemental, ce que nombre d’analystes prédisent, un nouveau scrutin devra être convoqué début juillet.

Dans l’ombre turque

Alors que tous les scenarii post-électoraux sont quotidiennement débattus dans des joutes télévisées enflammées, la campagne a du mal à susciter l’intérêt des électeurs.

Elle se déroule en outre dans l’ombre de celle du grand et turbulent voisin turc.

Sillonnant le pays en bras de chemise, omniprésent dans les médias, Kyriakos Mitsotakis, l’ancien étudiant d’Harvard, brandit son bilan économique : retour de la croissance (5,9% en 2022), envolée du tourisme et baisse du chômage après des années de déroute financière.

Ces quatre dernières années, le chef du gouvernement a voulu donner l’image d’une Grèce bonne élève de l’UE pour encourager les investissements étrangers. Il promet aujourd’hui des « changements qui feront de la Grèce un pays européen moderne ».

Mais cette reprise économique est en trompe-l’oeil.

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Faiblesse des salaires, saignée de la jeunesse partie travailler à l’étranger… Les Grecs subissent encore les conséquences des cures d’austérité drastiques qui ont radicalement changé le visage du pays.

La cherté de la vie et l’envol des prix de l’énergie figurent en tête des préoccupations d’électeurs éprouvés par une inflation qui a frôlé les 10% en 2022.

Le dirigeant de Syriza Alexis Tsipras assure donc que « le temps du changement est venu », promettant, comme son rival, des hausses de salaire.

Loin de la carte postale touristique de villages perchés blancs et bleus et de plages paradisiaques, les Grecs se débattent au quotidien avec des services publics en lambeaux, en particulier dans la santé.

Les prix de l’immobilier ont aussi grimpé en flèche comme sur certaines îles victimes de leur attrait au point d’être menacées par le « sur-tourisme ».

Goutte d’eau qui a fait déborder le vase : la catastrophe ferroviaire de Tempé qui a fait 57 morts fin février.

Le drame a réveillé une immense colère et fait descendre dans les rues des dizaines de milliers de personnes accusant les autorités d’incurie et clamant sur leurs banderoles : « Nos vies comptent! ».

Résignation

Aujourd’hui, la résignation semble dominer.

« Je suis déçu par tout le système politique. Aucune promesse n’est tenue et notre quotidien empire d’année en année », juge Nikos Dimitriadis, 62 ans, marchand de tissus à la retraite. « Ma pension se termine au milieu du mois. Qui pense à nous ? ».

« Pour la première fois, je n’ai pas encore décidé pour qui j’allais voter. Je pense que ce sera une décision émotionnelle, peut-être un vote blanc », explique un ancien militant de Syriza, Andreas, 30 ans, actuellement dans l’armée.

Les contempteurs de M. Mitsotakis lui reprochent une dérive autoritaire. Son mandat a été émaillé de scandales, des écoutes illégales aux refoulements de migrants en passant par les violences policières.

Et des maux endémiques continuent de ronger le pays : clientélisme, népotisme et corruption comme l’a illustré le scandale du Qatargate qui a éclaboussé l’eurodéputée grecque Eva Kaili.