Elections américaines 2024 : C’est l’heure des grands électeurs, mais pourquoi ?
Le 5 novembre 2024, Donald Trump a été élu président des Etats-Unis, après avoir remporté une majorité des votes dans les Etats clés du pays. Cependant, conformément au système électoral américain, son élection ne sera officiellement validée qu’après la réunion du collège électoral, ce 17 décembre. Une étape incontournable du processus présidentiel.
Créé par la Constitution des Etats-Unis en 1787, ce collège électoral est une institution singulière qui fait partie intégrante du système électoral américain. Contrairement à une élection basée uniquement sur le vote populaire, le président des Etats-Unis est élu indirectement par les citoyens via ces fameux grands électeurs. 20 Minutes fait le point.
C’est quoi ces 538 électeurs, répartis entre les Etats ?
Le collège électoral est composé de 538 électeurs, répartis entre les Etats en fonction de leur représentation au Congrès : chaque Etat dispose d’un nombre de grands électeurs égal au nombre de ses représentants à la Chambre des représentants, auquel s’ajoutent ses deux sénateurs. Dans ces 538 voix, il faut également ajouter trois votes qui sont attribués à Washington D.C., selon le 23ᵉ amendement de la Constitution.
Pour devenir président, un candidat doit ainsi obtenir une majorité absolue de ces votes électoraux, soit au moins 270 voix. Ce système reflète l’équilibre voulu par les pères fondateurs entre les intérêts des Etats et ceux de la population nationale. « Quels que soient les électeurs qui l’emportent dans ces élections, ce sont eux qui votent finalement au collège électoral », a expliqué Michael Thorning, directeur du projet sur la démocratie du Bipartisan Policy Center à CBS News.
Comment fonctionne le collège électoral ?
Après l’élection, les Etats certifient les résultats et désignent les grands électeurs qui se réuniront en décembre dans leurs capitales respectives pour voter officiellement pour le président et le vice-président des Etats-Unis. Dans le Nevada, par exemple, les six grands électeurs se retrouveront ainsi à Carson City, la capitale de l’Etat. Dans les 48 Etats et à Washington D.C., le candidat remportant la majorité des voix obtient l’ensemble des votes de cet Etat, selon le principe du fameux « winner takes all » (expliqué dans notre vidéo ci-dessous). Seuls le Maine et le Nebraska utilisent un système proportionnel qui permet de diviser les votes entre les candidats.
Chaque électeur signe ensuite un certificat de vote, qui consigne le résultat de leur vote. Ces certificats sont alors envoyés à plusieurs institutions fédérales : le président du Sénat qui est également le vice-président en exercice (Kamala Harris en l’occurrence), les archives nationales des Etats-Unis, qui conservent ces certificats comme documents officiels, et les juges fédéraux de district, afin de garantir une copie locale.
Quand a lieu la certification des votes par le Congrès ?
Après la réunion du collège électoral, les votes sont comptés et certifiés lors d’une session conjointe du Congrès, prévue le 6 janvier 2025. Cette réunion, présidée par le vice-président en exercice, est la dernière étape avant la confirmation officielle du président élu. Au cours de cette session, les votes des grands électeurs sont lus, Etat par Etat, et les résultats sont comptabilisés. Si aucune objection majeure n’est soulevée par des membres du Congrès, le président du Sénat déclare officiellement le vainqueur de l’élection.
En cas d’égalité ou si aucun candidat n’atteint la majorité de 270 votes, la décision revient à la Chambre des représentants, qui élit le président parmi les trois candidats ayant obtenu le plus de votes. Ce qui demeure extrêmement rare dans l’histoire américaine. De même, la grande majorité des Etats imposant aux grands électeurs de respecter le choix des électeurs, il est rare d’avoir eu des « grands électeurs infidèles » (
« Faithless Electors »). Plus d’une centaine dans l’histoire des Etats-Unis a pu attirer l’attention, mais leur « trahison » n’a jamais modifié l’issue d’une présidentielle US.
Qu’en pensent les Américains ?
Une grande majorité des Américains se prononcent pour la fin de ce système de vote par collège électoral, jugé trop « complexe » et trop en décalage avec le vote populaire et national (comme en 2016 lorsque Donald Trump a été élu). Selon un sondage du Pew Research Center, 63 % des personnes interrogées souhaiteraient que ce soit le vote populaire qui désigne le président.