Élection de Donald Trump : Fonctionnaires, avortement, immigration… C’est quoi le Projet 2025 des Républicains ?
Cette feuille de route officieuse a focalisé l’attention durant la campagne de la présidentielle aux Etats-Unis. Le « Project 2025 » du Parti républicain a ainsi régulièrement été brandi comme un épouvantail par le camp de Joe Biden puis de Kamala Harris, pour ses positions très libérales, et parfois extrémistes.
Ce programme de plus de 900 pages, aussi intitulé Mandate for Leadership (« Mandat de direction ») a pour ambition de présenter un programme clé en main à un nouveau président républicain, pour l’orienter vers des politiques plus conservatrices. Il est façonné par des dizaines d’organisations conservatrices coordonnées par la Heritage Foundation. Ce think tank néoconservateur a été créé dans les années 1970, pour soutenir les deux candidatures de Ronald Reagan.
Le risque d’un « Etat Trump »
Il prévoit notamment de réformer le statut de fonctionnaire fédéral, jusqu’ici largement protégé des alternances du pouvoir politique, ce qui pourrait permettre à Donald Trump de placer des ultraconservateurs loyaux à des postes clés. Le texte propose aussi de refaçonner les agences fédérales pour centraliser le pouvoir exécutif dans les mains de la Maison-Blanche et permettre ainsi la mise en place d’une politique très conservatrice sur des sujets allant de l’immigration à l’avortement.
Directeur de l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’Iris Institut de relations internationales et stratégiques), Romuald Sciora expliquait en juillet dernier chez RFI que « lorsqu’un nouveau président américain est élu, il change une partie de son administration, de l’ordre 4.000 fonctionnaires, mais le Project 2025 prévoit que Donald Trump change 40.000 fonctionnaires, ce qui est pharaonique. » Et de pointer que « l’on se retrouverait alors avec un « État Trump. » »
Parmi les mesures les plus critiquées par la gauche figurent celles visant à instaurer une « surveillance des avortements » à l’échelle des Etats, à interdire la pilule abortive utilisée pour la majorité des IVG et à limiter le recours à la pilule du lendemain. Il y a aussi celles visant à mettre fin à tous les programmes sur les énergies propres et à encourager une exploitation plus agressive encore des combustibles fossiles.
Les bases du second mandat ?
Face aux polémiques entourant ce « Projet 2025 », Donald Trump a pris ses distances avec le texte : « je ne l’ai pas vu, je n’ai aucune idée de qui est derrière ça », a assuré le candidat sur son réseau Truth Social, déclarant que le programme soutenu par le Parti républicain n’avait « rien à voir » avec celui de ce centre de réflexion. En 2022, à un dîner organisé par la Heritage Foundation, le milliardaire avait pourtant déclaré que le travail alors mené par cette organisation poserait les bases « pour ce que notre mouvement fera » lors d’un second mandat. « Donald Trump sait très bien ce que c’est le Project 2025, estime Romuald Sciora, il a été mis en place avec l’aide de ses collaborateurs, avec sa bénédiction. »
Si la feuille de route adoptée lors de la convention républicaine à Milwaukee affiche bien des positions plus modérées, notamment sur l’avortement, le « Project 2025 » reprend de nombreuses idées portées par Donald Trump. Par exemple, l’ambition de démanteler le ministère de l’Education, de réformer un gouvernement fédéral accusé d’être instrumentalisé contre les conservateurs, ou encore de mener des arrestations et déportations massives de migrants en situation irrégulière.
L’Heritage Foundation s’est également alignée sur la politique étrangère de Donald Trump, axée sur « l’Amérique d’abord » ( « America first »).