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Election américaine 2024 : une course contre la montre pour l’accès aux contraceptifs et pilules abortives

Une Amérique scindée en deux. La victoire de Donald Trump le 6 novembre a provoqué un déferlement de propos sexistes sur les réseaux sociaux, selon une analyse de l’Institute for Strategic Dialogue. « Your body, My choice, pour toujours », scandait Nick Fuentes, un influent podcasteur nationaliste, raciste et négationniste, dans une vidéo postée sur X. Sa vidéo a été visionnée plus de 90 millions de fois et partagée plus de 35.000 fois, d’après l’institut.

Pendant ce temps, la demande de contraceptifs et de pilules abortives atteint des niveaux sans précédent, submergeant les plateformes de santé reproductive américaines. Si Donald Trump ne prendra ses fonctions que le 20 janvier prochain, une course contre la montre pour l’accès aux contraceptifs et pilules abortives semble s’être engagée.

Prévoir le pire

« C’est une apocalypse reproductive », déclare Elisa Wells à The Guardian. Elle est la cofondatrice de Plan C, une organisation dédiée à l’information sur l’accès à l’IVG médicamenteuse. Sur son site, les visites ont bondi de 625 % en une journée. De son côté, Aid Access (l’un des plus grands fournisseurs de pilules abortives), a reçu près de 10.000 demandes dans les 24 heures suivant l’élection, soit près de dix-sept fois plus qu’en temps normal.

Le docteur Rebecca Gomperts, fondatrice d’Aid Access, décrit la situation comme sans précédent : « Les femmes veulent avoir les pilules sous la main, pour parer à toute éventualité… au cas où quelque chose se passerait et qu’elles seraient retirées du marché. », explique-t-elle à Independent. Pour elle, ces pilules abortives représentent « la forme de soin la plus importante pour les femmes », un service qu’elle compte maintenir coûte que coûte.

Pour Amandine Clavaud, directrice des études de la Fondation Jean Jaurès, la victoire de Donald Trump représente « la continuité de l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade », qui avait retiré le droit constitutionnel à l’IVG. Cette élection va « redonner des ailes aux conservateurs. Ils ne vont pas s’arrêter là. »

Vers une contraception de long terme

Craignant des restrictions sur les contraceptifs, de nombreuses femmes se tournent vers des solutions de long terme. Sohana Pai, une étudiante en médecine de 24 ans, interrogée par le Washington Post, a décidé de se faire poser un stérilet pour éviter une grossesse sous une administration hostile aux droits reproductifs. « J’ai l’impression que cela en vaut la peine, déclare-t-elle. Mais c’est frustrant d’être obligé de prendre ces mesures. »

De son côté, Planned Parenthood, l’équivalent du planning familial français, affirme observer des hausses de 760 % pour les rendez-vous de pose de stérilets et de 1.200 % pour les vasectomies. L’organisation a refusé de partager des chiffres bruts selon le média.

« My body, my choice » : une autonomie remise en cause

L’anxiété dépasse le seul accès à l’IVG et touche également les personnes trans, dont l’accès aux traitements hormonaux pourrait être menacé. QueerDoc, un service de santé LGBTQ+, a ainsi reçu en une journée plus de demandes que durant une semaine habituelle. Le Dr Crystal Beal a conseillé à ses patients de stocker « autant de traitements hormonaux que la loi de l’État et leur assurance le permettent », rapporte The Guardian. Les deux prochains mois risquent de ne pas être de tout repos pour les plateformes de santé reproductive américaines.