Election américaine 2024 : Tendance ou résistance, que signifient les bracelets bleus apparus après la victoire de Trump ?

Dernière tendance sur TikTok ou véritable symbole de résistance ? Dans le sillage des élections présidentielles américaines, un mouvement prend de l’ampleur parmi les femmes démocrates déçues de l’élection de Donald Trump. Ces femmes, majoritairement blanches, arborent des « friendship bracelets » bleus, un geste inspiré des bracelets de l’Eras Tour de Taylor Swift. Elles le portent pour signaler leur soutien les unes aux autres et leur solidarité face à un climat politique qu’elles perçoivent comme hostile aux droits des femmes et des minorités.

Ce geste suscite des réactions diverses, allant de l’adhésion totale à la critique, voire à la moquerie de la part des républicains. Tandis que les porteuses de bracelets y voient un symbole de soutien, leurs détracteurs dénoncent un acte performatif, voire ironique, qui soulève des questions sur l’efficacité réelle de cette démarche.

Un signal de confiance et de soutien

Tout commence sur le réseau social chinois TikTok. Depuis l’élection du candidat républicain mardi dernier, des centaines vidéos pullulent tous les jours avec le hashtag #bluebracelet (bracelet bleu en bon français). On y voit des femmes américaines qui fabriquent ou portent ces fameux « friendship » bracelets bleus en guise de soutien entre femmes partageant les mêmes valeurs, un moyen de reconnaissance aussi pour se différencier.

L’objectif affiché serait de reconnaître simplement mais discrètement à qui ces femmes peuvent faire confiance, comprendre celles qui s’opposent aux politiques de Trump et qui soutiennent les droits des femmes et des minorités. Pour rappel, Trump a remporté 52 % de leurs voix.

« Symboliser un engagement sincère »

Les initiateurs du mouvement des bracelets bleus le décrivent comme « un mouvement d’éducation et de soutien » destiné aux femmes, aux communautés de couleur et LGBT. Le groupe souhaite offrir un espace sécurisé où chacun, même ceux qui ne font pas partie de ces communautés, puisse poser des questions, s’informer sur les politiques actuelles et accéder à des ressources fiables. Selon eux, l’objectif n’est pas seulement de porter un bracelet pour signaler son appartenance, mais de symboliser un engagement sincère à apprendre et à s’améliorer.

Cette approche cherche à répondre aux critiques passées, notamment celles émises à l’égard du mouvement de l’épingle à nourrice de 2016, où les symboles n’étaient pas toujours suivis d’actions concrètes contre le racisme, le sexisme ou l’homophobie. « Nous savons que nous ne serons pas toujours parfaits, » précisent les organisateurs, « mais nous donnerons toujours le meilleur de nous-mêmes et nous nous efforcerons de tenir nos pairs et nous-mêmes responsables. »

Les réactions des républicains : moqueries et ironie

Sur les réseaux sociaux, de nombreux républicains se sont empressés de tourner ce mouvement en dérision. Sur X (ex-Twitter), certains disent apprécier ce « code de couleur » qui leur permettrait de reconnaître plus facilement celles qu’ils considèrent comme des « folles ». Des commentaires sarcastiques soulignent également ce qu’ils perçoivent comme une ironie : plusieurs démocrates avaient auparavant critiqué les projets de Trump, les comparant à l’univers dystopique du roman adapté en série The Handmaid’s Tale, où les femmes sont assignées à des rôles rigides marqués par des couleurs spécifiques. Pour ces critiques, il est paradoxal que ces mêmes femmes se créent maintenant leur propre « code de couleur » pour se reconnaître entre elles, reproduisant le type de symbolisme qu’elles avaient dénoncé.

« Un simple geste »

Ces critiques ne sont pas les seules à pointer les limites du bracelet bleu comme symbole de soutien. Certaines voix, y compris parmi les alliés, considèrent que le port du bracelet pourrait s’avérer performatif s’il ne s’accompagne pas d’actions concrètes. Les détracteurs estiment que porter un symbole, aussi bien intentionné soit-il, n’est pas suffisant pour soutenir les communautés marginalisées. Ils appellent plutôt à des actions tangibles, comme soutenir les femmes de couleur sur leur lieu de travail, dénoncer les comportements racistes ou sexistes dans leur entourage, et promouvoir des politiques inclusives par le vote.