Election américaine 2024 : Pour les Français expatriés, incertitudes et peur dominent après la victoire de Donald Trump
La soirée électorale aura été stressante et la nuit courte pour les trois Français expatriés qui ont accepté de nous répondre. Tristesse, incertitudes ou incompréhension l’emportent après l’annonce de la victoire de Donald Trump, élu 47e président des Etats-Unis, après des mois d’une campagne électorale violente, nourrie de fausses informations et de tirades misogynes ou racistes. Présents dans le pays depuis de nombreuses années ou tout juste arrivés, ils et elle nous racontent leurs craintes après la victoire de Trump.
Bibliothécaire dans une école élémentaire dans la baie de San Francisco en Californie, Nadège craint l’avenir dans son pays d’adoption. « J’ai peur que Trump censure tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui comme un dictateur, détaille celle qui habite aux Etats-Unis depuis bientôt quatorze ans. J’ai peur pour ma fille et d’un recul sur les droits des femmes et l’avortement, j’ai peur des gens qui se sont greffés autour de lui et viennent avec leurs idées extrémistes comme monsieur Musk ou Robert F. Kennedy Jr qui veut supprimer les vaccins. » Ce dernier, vaccino-sceptique et complotiste, s’est retiré au profit de Trump qui s’est engagé, en échange, à lui donner un rôle important dans le domaine de la santé en cas de victoire à la présidentielle.
Malgré tout, elle se sent davantage protégée en Californie, un bastion démocrate. Il y a six ans, elle et son mari ont obtenu la nationalité américaine, notamment pour pouvoir voter contre Donald Trump en 2020. « Pour l’instant, on veut toujours rester, explique Nadège, 49 ans. On a notre travail ici, nos enfants vont à l’école ici. On va voir comment la situation évolue, mais ça peut être une chose qui nous ferait changer d’avis. »
« Sera-t-il plus difficile d’obtenir un visa ? »
Dans l’Utah, état républicain et pro-Trump, les conseils donnés à l’arrivée dans dans le milieu des expatriés, c’est de ne pas parler politique, armes à feu ou avortement. Mais l’élection de Donald Trump soulève des craintes au sujet de sa politique migratoire. En janvier 2025, le Républicain a promis d’expulser massivement les migrants arrivés illégalement sur le territoire américain. « On se pose la question : sera-t-il plus difficile d’obtenir un visa ? », se demande Guillaume, 43 ans et consultant.
Installé depuis juillet 2023 sur le sol américain, il a, avec sa femme, un visa de trois ans. « On ne sait pas dans quelles conditions il pourrait être renouvelé, on ne sait pas non plus ce qui va changer et où le curseur va être mis », poursuit-il. S’il explique que le deuxième mandat de Trump peut peser dans la balance entre rester et partir, ce n’est pas le sujet premier. « Il s’agit d’abord de savoir si légalement on a la possibilité d’y vivre, si c’est épanouissant pour la famille », détaille-t-il.
« J’ai découvert un pays de violences »
Pour Alain, qui, à 62 ans, a vécu la moitié de sa vie aux Etats-Unis, le choc est grand après cette nouvelle victoire de Donald Trump. Il se dit triste, en colère et ne comprend pas qu’avec « son pedigree, son comportement, ses insultes », le milliardaire ait pu être réélu. « Je n’ai pas voulu le reconnaître, mais j’ai découvert que l’Amérique est un pays de violences, avec une omniprésence de la religion, c’est un pays qui n’a pas voulu résoudre son problème de racisme », livre-t-il.
Ce professeur de français, ancien ingénieur dans la Silicon Valley, ne veut pas trop spéculer sur le deuxième mandat de Trump. « Mais on peut se faire peur avec la rhétorique employée pendant la campagne. Dans sa première administration, des gens autour de lui l’ont empêché d’enfreindre la loi, se souvient-il. Avec la deuxième, on ne sait pas, c’est effrayant, c’est l’inconnu. »