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Election américaine 2024 : Avec le retour de Trump, la Silicon Valley oscille entre alliances et incertitudes

A Las Vegas, Nevada

La réélection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis suscite des réactions contrastées au sein de la Silicon Valley. Si certains dirigeants applaudissent ouvertement cette victoire, d’autres se préparent à quatre années de turbulences. Entre déréglementation promise et risques d’instabilité, l’avenir des entreprises de la tech américaine s’annonce à la fois opportuniste et incertain.

Quelques heures après l’annonce des résultats, plusieurs figures majeures de l’industrie ont félicité Donald Trump pour sa victoire. Tim Cook, le PDG d’Apple, a rapidement réagi sur X. « Félicitations Président Trump pour votre victoire ! Nous sommes impatients de collaborer avec vous pour que les Etats-Unis continuent de prospérer grâce à l’innovation et la créativité. » Dans un message similaire, Sundar Pichai, PDG de Google, a salué une « victoire décisive », insistant sur le rôle central de la tech dans « l’âge d’or de l’innovation américaine ».

Un héritage contrasté avec la Silicon Valley

De son côté, Mark Zuckerberg, PDG de Meta, a évoqué les opportunités pour le pays « Nous avons de grandes opportunités devant nous en tant que nation. Hâte de travailler avec vous et votre administration », a-t-il écrit. Quant à Jeff Bezos, fondateur d’Amazon et propriétaire du Washington Post, il a également félicité Trump sur X. « Je souhaite à@realDonaldTrump tout le succès dans la direction et l’unification de l’Amérique que nous aimons tous. »

Si ces félicitations publiques témoignent d’une volonté de collaboration, elles masquent une réalité plus nuancée. Durant son premier mandat, Donald Trump avait alterné entre soutien et hostilité envers ces entreprises. Les régulateurs de son administration avaient notamment lancé des enquêtes antitrust contre Google, Meta, Apple et Amazon, tout en accusant ces entreprises de biais politiques. Interrogé par le New York Times, Nu Wexler ancien responsable des politiques chez X et Meta, a estimé que « les entreprises technologiques sont plus sages et pragmatiques aujourd’hui. Elles ont appris des leçons de ses quatre premières années. » D’autres observateurs considèrent que les entreprises cherchent à éviter les affrontements du passé. En témoigne l’attitude de Mark Zuckerberg, qui avait été menacé de poursuites judiciaires par Donald Trump en 2020, mais a choisi cette fois-ci de tendre la main.

Elon Musk, l’homme fort de l’administration Trump

Parmi les grands gagnants de cette réélection figure Elon Musk, PDG de Tesla, SpaceX et propriétaire de X. Qualifié de « super génie » par Donald Trump dans son discours de victoire, Elon Musk pourrait obtenir un poste clé dans un hypothétique « département de l’efficacité gouvernementale », chargé de rationaliser les dépenses fédérales.

Cette alliance pourrait permettre à Elon Musk d’influencer directement la régulation de ses entreprises, tout en poursuivant ses ambitions dans l’espace, l’intelligence artificielle (IA) et les réseaux sociaux. En rachetant Twitter (devenu X) pour 44 milliards de dollars et en transformant la plateforme en un outil pro-Trump, Elon Musk a aussi renforcé son statut de figure incontournable de la Silicon Valley.

Des secteurs stratégiques en mutation

Au-delà de l’attitude des grands patrons de la tech, la réélection de Donald Trump pourrait remodeler plusieurs secteurs comme les cryptomonnaies. Autrefois sceptique, le président élu s’en est récemment rapproché en échange de soutiens financiers de groupes pro-crypto. Sa promesse de remplacer Gary Gensler, président de la SEC et figure critiquée par les entreprises crypto, a déjà stimulé le marché.

Plusieurs autres sujets méritent d’être abordés comme les lois antitrust et l’intelligence artificielle (IA). Sur le premier, les affaires menées sous l’administration Biden pourraient perdre en intensité, notamment contre Amazon et Apple. Cependant, Google reste une cible privilégiée des conservateurs, qui dénoncent des biais présumés contre les Républicains. Quant à l’intelligence artificielle (IA), la nouvelle administration pourrait adopter une approche pro-business, levant des obstacles réglementaires pour permettre aux entreprises américaines de devancer la Chine. Des figures influentes, comme le capital-risqueur Marc Andreessen, soutiennent d’ailleurs une stratégie « accélérationniste » pour l’IA, encourageant une innovation rapide sans restrictions majeures.

Donald Trump et les réseaux sociaux

On peut aussi se demander comment vont évoluer les entreprises propriétaires de réseaux sociaux, sachant que Donald Trump possède aussi le sien, Truth. Devenu un bastion pro-Trump sous Elon Musk, X pourrait inspirer d’autres plateformes à ajuster leurs politiques pour éviter les confrontations avec la nouvelle administration. A l’inverse, des plateformes comme Threads ou Bluesky pourraient attirer des utilisateurs de gauche mécontents.

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Qu’en sera-t-il également de TikTok ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Donald Trump ne devrait pas lutter contre la plateforme. En effet, il a récemment adouci son discours sur TikTok, promettant de protéger l’application aux Etats-Unis. Cette volte-face pourrait mettre fin à la menace d’un démantèlement de ByteDance, propriétaire chinois de l’application.

Des incertitudes qui persistent malgré tout

Malgré des promesses de dérégulation et de soutien, l’administration Trump pourrait néanmoins poser des défis pour certaines entreprises. Des politiques anti-immigration pourraient freiner le recrutement de talents internationaux, tandis que des tarifs douaniers risquent d’alourdir les coûts des fabricants de puces et de smartphones. Cité par le New York Times, Scott Babwah Brennen, chercheur à l’Université de New York, estime que « Donald Trump a été incroyablement imprévisible sur les questions technologiques et semble enclin à changer de position sur n’importe quel sujet. » Pour la Silicon Valley, c’est une nouvelle équation à résoudre, mêlant pragmatisme, opportunisme et résilience. Tout commencera à prendre forme le 20 janvier quand le président élu prendra officiellement ses fonctions à la Maison-Blanche.

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