Election américaine 2024 : Avec le retour de Donald Trump, Emmanuel Macron a une carte à jouer en Europe
Les mêmes, huit ans après. En 2016, Donald Trump était intronisé à la Maison-Blanche après un coup de théâtre politique. Quelques mois plus tard, Emmanuel Macron se hissait à l’Elysée grâce à une campagne pas moins stratégique que son homologue américain. Les deux hommes se retrouvent en 2024 respectivement à la tête de leur pays, mais dans un contexte mondial bien différent.
Le chef d’Etat français s’est montré dès mercredi à l’initiative face à Donald Trump, plaidant pour une Europe « plus forte ». « Prêt à travailler ensemble comme nous avons su le faire durant quatre années. Avec vos convictions et avec les miennes. Avec respect et ambition. Pour plus de paix et de prospérité », a-t-il réagi sur X, devenant le premier dirigeant d’un grand pays à prendre acte de la victoire du milliardaire républicain.
Emmanuel Macron prend le lead
Plus tard dans la journée, Emmanuel Macron a aussi été parmi les tout premiers chefs d’Etat et de gouvernement à s’entretenir avec le président élu des Etats-Unis pour un « très bon échange de 25 minutes » au cours duquel ils ont exprimé leur « volonté d’œuvrer au retour de la paix et de la stabilité » face aux « grandes crises internationales en cours », en Ukraine et au Proche-Orient, selon l’Elysée. Son entourage insiste sur le caractère « chaleureux » de l’entretien, au nom de la relation nouée dès 2017, pendant le premier mandat de l’Américain.
Emmanuel Macron a aussi pris l’initiative de parler immédiatement avec le chancelier allemand Olaf Scholz pour affirmer ensemble la nécessité d’une « Europe plus unie, plus forte, plus souveraine dans ce nouveau contexte ». « Macron a une idée très claire de ce qu’un Trump 2.0 signifie pour l’Union européenne », dit à l’AFP Mujtaba Rahman, du groupe de réflexion Eurasia Group. « Et de fait, on a observé une réaction très forte et rapide de sa part », afin de donner le ton au « message public » des Européens, ajoute-t-il.
Se recentrer sur l’Europe
Le président français prône depuis plusieurs années une souveraineté européenne, un concept qui a fait son chemin avec la pandémie de Covid-19 puis l’invasion russe de l’Ukraine. Dans son discours à l’université de la Sorbonne en avril, il est allé jusqu’à prévenir que « l’Europe peut mourir » sans sursaut pour assurer sa sécurité, très dépendante des Etats-Unis.
Aujourd’hui, à l’orée d’un « come-back » tonitruant de Donald Trump, potentiellement porteur d’un désengagement accéléré de Washington par rapport au Vieux Continent et Kiev, Emmanuel Macron s’estime bien placé pour prendre le leadership européen.
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Le président français « doit se dire qu’il aura une petite carte à jouer », glisse un de ses proches. Affaibli en France où son camp a perdu les dernières élections législatives, il peut « retrouver une légitimité au niveau européen », abonde Mujtaba Rahman. Son pari : qu’au pied du mur, l’UE réagisse et prenne « son destin en main », comme l’a dit mercredi la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon.
Mais il n’est pas assuré qu’Emmanuel Macron soit l’homme de la situation. Son « offensive de charme avait échoué » la dernière fois et les relations s’étaient finalement tendues dès 2018, rappelle François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique.