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Discord, Bitchat : la génération Z ne cesse d’organiser la contestation au Népal

Le blocage des réseaux sociaux au Népal a concerné 26 plateformes, dont Facebook, X, Linkedin et Youtube, pour ne pas s’être enregistrées auprès de l’administration népalaise. En 2023, 56 % de la population népalaise était connectée à Internet, ce qui représente une hausse de 13 % en dix ans, selon la Banque mondiale.


C’est l’étincelle qui a déclenché les émeutes en début de semaine au Népal. La contestation qui secoue le pays depuis quelques jours est centrée sur le blocage des réseaux sociaux. Au total, 26 plateformes, y compris Facebook, X, LinkedIn et YouTube, ont été interdites pour ne pas s’être enregistrées auprès des autorités népalaises.

Pour demander leur rétablissement, les jeunes, fortement touchés par le chômage, sont descendus dans les rues lundi. La police a ouvert le feu sur les manifestants, faisant au moins 51 morts. Ce chaos a poussé le Premier ministre KP Sharma Oli à rétablir les réseaux sociaux, avant de remettre sa démission.

### #NepoKids pour dénoncer « le népotisme »

« La technologie a joué un rôle très important et presque décisif », affirme le journaliste Pranaya Rana, expliquant que tout a débuté par la diffusion sur les réseaux sociaux de vidéos illustrant le mode de vie luxueux des enfants des dirigeants politiques.

Des hashtags comme #NepoKids, un raccourci pour népotisme, mettaient en lumière le contraste entre la vie quotidienne des citoyens ordinaires et le train de vie des enfants de responsables politiques, qui s’affichaient sur Instagram. Une publication les accusant de « vivre comme des millionnaires » et interrogeant « où va l’argent des impôts » a reçu 13.000 mentions « j’aime ».

« NepoKids » a été cité dans des vidéos sur Instagram, TikTok, ainsi que sur Facebook, qui est populaire dans les zones rurales, selon Sanjib Chaudhary, contributeur à Global Voices, un réseau international de blogueurs. « Cela a alimenté la colère » qui « ne cessait de grandir depuis longtemps », déclare-t-il. La décision du gouvernement de bloquer ces plateformes a été perçue comme une attaque à la liberté d’expression de la population.

### Recours massif aux VPN

À la suite de l’annonce du blocage des réseaux sociaux la semaine dernière, les utilisateurs ont commencé à recourir aux systèmes de type VPN pour contourner l’interdiction. La société suisse Proton VPN a rapporté une augmentation de 6.000 % des inscriptions au Népal.

Craignant une coupure d’Internet plus générale, certains se sont également tournés vers l’application Bitchat, qui fonctionne via Bluetooth et a été créée par Jack Dorsey, co-fondateur et ancien patron de Twitter. « Là, quand vous en avez besoin », a posté Jack Dorsey sur X, faisant état d’une « hausse soudaine » des téléchargements de Bitchat lors des manifestations en Indonésie et au Népal.

### « L’avenir politique du pays » sur Discord

Depuis, de nombreux activistes discutent de l’avenir de leur mouvement sur Discord. Environ 145.000 personnes ont participé à des débats animés via cette application pour élire leurs représentants.

Pour Sanjib Chaudhary, le gouvernement « a gravement sous-estimé la puissance des médias sociaux ». En 2023, 56 % de la population était connectée, soit une augmentation de 13 % en dix ans, selon la Banque mondiale.