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Cyclone Freddy: le bilan monte à 190 morts au Malawi

Après avoir touché terre pour la seconde fois pendant le week-end au Mozambique, tuant au moins 10 personnes, Freddy s’est dirigé tôt lundi vers le sud du Malawi voisin. L’état de catastrophe a été déclaré dans la région de Blantyre, capitale économique épicentre des intempéries.

Le pays qui paie jusqu’ici le plus lourd tribut au retour du cyclone tropical – qui a suivi un trajectoire en boucle rarement répertoriée par les météorologues – compte désormais au moins « 190 morts, 584 blessés et 37 disparus », a annoncé dans un communiqué le Bureau national de gestion des catastrophes. Et le bilan pourrait encore s’alourdir à mesure que les recherches avancent.

Dans le township de Chilobwe, proche de Blantyre, des habitants sont restés abasourdis devant les restes des maisons emportées par les coulées de boue. Le vent est retombé mais la pluie persiste.

Les constructions faites de briques et de boue n’ont pas résisté.

Retour du cyclone Freddy : plus de 100 morts au Malawi et Mozambique

« Nous sommes impuissants et personne n’est là pour nous aider », lâche à l’AFP John Witman, 80 ans, trempé malgré un imperméable et un chapeau en laine. Il cherche son gendre, disparu dans l’effondrement de sa maison emportée par la soudaine montée des eaux.

Les habitants disent être convaincus que des dizaines de corps sont encore là, ensevelis dans la boue. Des excavateurs ont été déployés à certains endroits. La veille, familles et secouristes ont fouillé la terre à mains nues.

Hôpital débordé

L’hôpital de la région est « débordé par l’afflux de blessés », a alerté dans un communiqué Médecins sans frontières, présent sur place. « Le Queen Elizabeth Central Hospital a reçu à lui seul 220 personnes, dont 42 adultes et 43 enfants déclarés morts à leur arrivée ».

L’ONG craint notamment un bond des cas de choléra dans le pays en manque de vaccins, qui lutte déjà contre l’épidémie de cette maladie infectieuse la plus meurtrière qu’il a connue.

A quelques kilomètres de là, à Chimkwankhunda, Steve Panganani Matera montre un immense champ de boue ruisselant: « Il y avait plein de maisons ici, toutes parties », dit-il à l’AFP, abrité sous un fragile parapluie.

Sous un ciel lourd, certains tentent de franchir les eaux marronnasses qui déferlent depuis le haut des collines, sur des ponts improvisés faits de planches jetées entre les éboulis.

Près de 59.000 personnes ont été touchées dans le pays et près de 20.000 déplacées, hébergées en urgence dans des écoles ou des églises.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa s’est dit dans un communiqué « attristé par les pertes en vies humaines ».

Freddy avait frappé une première fois l’Afrique australe fin février. Après une traversée inédite de plus de 10.000 km d’est en ouest dans l’océan Indien, il avait touché terre à Madagascar avant de frapper le Mozambique. Le bilan était alors de 17 morts.

Se rechargeant en intensité et en humidité au-dessus des mers chaudes, Freddy a ensuite fait demi-tour, revenant s’abattre sur l’Afrique australe deux semaines plus tard. Il a fait 10 morts la semaine dernière en retournant à Madagascar.

Le cyclone est revenu « un peu moins intense qu’à son pic en plein océan Indien mais avec tout de même des vents très forts et des rafales à 200 km/h », a expliqué à l’AFP Emmanuel Cloppet, directeur de Météo-France pour l’océan Indien.

« Il est très rare que ces cyclones s’alimentent encore et encore », souligne Coleen Vogel, experte en climat à l’université sud-africaine du Witwatersrand à Johannesburg, mettant en cause le changement climatique.

Freddy s’est formé au large de l’Australie début février et sévit dans l’océan Indien depuis 36 jours. Le cyclone tropical John avait duré 31 jours en 1994.

Le sud-ouest de l’océan Indien est traversé par des tempêtes tropicales et des cyclones plusieurs fois par an au cours de la saison cyclonique qui s’étend de novembre à avril.