Cuba : José Daniel Ferrer, l’opposant historique, accepte de partir en exil
José Daniel Ferrer a annoncé qu’il allait quitter son pays natal après quatre mois de détention particulièrement brutale, en raison de la répression et des violences subies en prison. Dans sa lettre, il dénonce les « coups, tortures, humiliations et conditions extrêmes » orchestrés par « les sbires du régime » et précise que les autorités gardent son passeport et que la destination reste inconnue.
Après plus de vingt ans de défi face au régime cubain, l’opposant José Daniel Ferrer a annoncé son intention de quitter Cuba, pressé par la répression et les violences subies lors de son incarcération. Cette décision a été révélée dans une lettre partagée avec l’AFP par son épouse, et intervient après quatre mois de détention particulièrement violente.
Le leader de l’Union patriotique de Cuba (Unpacu) ne cache pas son ressentiment. « J’ai fini par accepter l’exil », déclare-t-il, dénonçant les « coups, tortures, humiliations et conditions extrêmes » infligés par ce qu’il qualifie de « sbires du régime ». À 55 ans, cet homme qui avait toujours refusé de quitter l’île annonce qu’il partira « avec [sa] dignité et [son] honneur porté haut », persuadé qu’il s’agit d’un départ temporaire. Son épouse mentionne que les autorités détiennent son passeport et que sa destination reste encore incertaine.
Une trajectoire marquée par la prison
José Daniel Ferrer symbolise depuis deux décennies l’opposition pacifique au régime. Condamné à 25 ans de prison lors du « Printemps noir » de 2003, il avait retrouvé sa liberté en 2011, mais avait refusé l’exil proposé en échange. De nouveau arrêté en 2021, en réponse aux manifestations antigouvernementales, sa liberté conditionnelle avait été annulée. En janvier 2025, il avait brièvement été libéré grâce à une médiation impliquant le Vatican et Washington, avant d’être de nouveau incarcéré en avril.
Sa décision, bien que douloureuse, a été attendue et a suscité le soutien de ses camarades. « José Daniel a mené une lutte forte, dure et intense », confie le dissident Manuel Cuesta Morúa, reconnaissant la nécessité de ce choix après tant d’années de combat. Martha Beatriz Roque, autre figure de l’opposition, estime quant à elle qu’il est temps pour Ferrer « d’avoir une vie à lui » après avoir « beaucoup sacrifié pour la liberté de Cuba ».
Critique du silence international
Dans son message, José Daniel Ferrer dénonce l’abandon de l’opposition cubaine par la communauté internationale. Il critique en particulier l’Union européenne, qui maintient un accord politique avec La Havane, parlant d’une « posture complice ou faible face à une tyrannie criminelle ». En revanche, il loue la fermeté de Washington, qu’il considère comme le seul véritable allié du peuple cubain.
Le dissident admet également sa déception envers une partie de la société civile cubaine, perçue comme divisée et inefficace depuis les manifestations de 2021. Cependant, il exprime son espoir pour « les bons combattants qui restent encore » et assure que son engagement demeure intact.

