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Crise agricole : Lula mise sur une France isolée concernant l’accord UE-Mercosur

Luiz Inacio Lula da Silva a appelé les dirigeants de l’Union européenne à faire preuve de « courage » après le report de la signature de l’accord de libre-échange, déclarant que « sans volonté politique et sans courage de la part des dirigeants, ce ne sera pas possible de conclure une négociation qui traîne depuis 26 ans ». Une source au sein de la Commission européenne et deux diplomates ont indiqué que la nouvelle échéance visée est désormais le 12 janvier au Paraguay, qui va succéder au Brésil à la présidence tournante du Mercosur.


Avec la France dans son viseur, Luiz Inacio Lula da Silva intensifie la pression sur Bruxelles concernant l’accord avec le Mercosur. Le président brésilien a ainsi exhorté samedi les dirigeants de l’Union européenne à faire preuve de « courage » après le report de la signature de l’accord de libre-échange.

« Sans volonté politique et sans courage de la part des dirigeants, ce ne sera pas possible de conclure une négociation qui traîne depuis 26 ans », a affirmé Lula lors de l’ouverture du sommet du bloc sud-américain, à Foz do Iguaçu au Brésil. « Hier, j’ai reçu une lettre des présidents de la Commission européenne et du Conseil européen, dans laquelle tous deux expriment l’espoir de voir l’accord approuvé en janvier », a-t-il ajouté.

**Colère des agriculteurs européens contre l’accord**

L’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay espéraient initialement signer le traité ce samedi, tout comme la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et la plupart des pays de l’UE. Cependant, cette signature a finalement été reportée, en raison de la colère des agriculteurs européens, notamment en France et en Italie.

Vendredi, des dizaines d’agriculteurs ont manifesté devant la villa d’Emmanuel Macron au Touquet, en déversant des tonnes de fumier, de pneus et de branchages à l’entrée de la résidence. Et samedi, des barrages étaient toujours en place sur des axes routiers et autoroutiers du sud-ouest de la France, au premier jour des vacances scolaires.

Emmanuel Macron a pour sa part jugé qu’il était « trop tôt » pour dire s’il acceptera la signature le mois prochain. « Nous connaissions tous la position historique de la France, ce n’était pas une nouveauté », a déclaré Lula samedi.

**Meloni « prête » à signer**

Concernant la réticence de la Première ministre italienne Giorgia Meloni, qui a estimé « prématurée » une signature de l’accord, le président brésilien a affirmé qu’elle lui avait assuré par téléphone qu’elle serait « prête » à l’accepter début janvier. « Si elle est prête à signer et qu’il ne manque plus que la France, Ursula von der Leyen et António Costa (président du Conseil européen) m’ont assuré que la France ne pourra pas, à elle seule, bloquer l’accord », a déclaré Lula.

Une source au sein de la Commission européenne et deux diplomates ont indiqué que la nouvelle échéance visée est désormais le 12 janvier au Paraguay, qui va succéder au Brésil à la présidence tournante du Mercosur. Cependant, le ministre paraguayen des Affaires étrangères, Rubén Ramírez, avait affirmé vendredi n’avoir reçu « aucune communication officielle » au sujet de cette date. Il avait également mis en garde l’UE, en affirmant que la patience du Mercosur avait des limites.

L’accord UE-Mercosur permettrait aux Européens d’exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud. En retour, il faciliterait l’entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées.