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Crash à Washington : Une pilote militaire transgenre faussement mise en cause attaque en justice un influenceur trumpiste

Jo Ellis n’était pas dans l’hélicoptère, ni dans l’avion. Pourtant, son nom et son visage ont été associés à l’un des pires accidents aériens récents aux États-Unis. Cette militaire transgenre américaine de 35 ans, engagée dans la Garde nationale, a été faussement accusée sur les réseaux sociaux d’avoir causé la collision entre un hélicoptère et un avion de ligne au-dessus de Washington fin janvier, un drame qui a coûté la vie à 67 personnes.

Face à cette campagne massive de désinformation, Jo Ellis a décidé de porter plainte. Mercredi 9 avril, elle a saisi un tribunal du Colorado contre Matt Wallace, un influenceur conservateur aux 2,2 millions d’abonnés sur X (ex-Twitter), qu’elle accuse d’avoir lancé une « campagne de diffamation destructrice et irresponsable ». Des messages qui ont depuis été supprimés de la plateforme.

« Une attaque terroriste trans »

Matt Wallace avait notamment affirmé que Jo Ellis était aux commandes de l’hélicoptère impliqué dans le crash, allant jusqu’à suggérer une « attaque terroriste trans ». Il évoquait sa « dysphorie de genre » et sa « dépression » comme motifs possibles d’un acte volontaire, dans des posts vus des millions de fois, aujourd’hui supprimés.

Sauf qu’aucune de ces affirmations n’était fondée. Jo Ellis n’était pas impliquée dans l’accident, puisque vivante comme elle l’a démontré elle-même dans une vidéo postée sur Facebook quelques jours plus tard.

Un torrent de haine en ligne

Malgré cela, elle a été la cible de milliers de messages haineux, l’accusant de terrorisme ou d’instabilité mentale : une « campagne de diffamation destructrice et irresponsable ». Jo Ellis avait raconté à l’AFP en février avoir été contrainte de déménager temporairement sa famille et d’engager un service de sécurité privé.

« Ce qui m’a été fait est irréparable », a-t-elle confié. Sa carrière militaire, entamée en 2009 et marquée par plusieurs déploiements en Irak et au Koweït, est désormais suspendue. Une note du Pentagone, diffusée fin février, demandait l’exclusion des personnes trans de l’armée, sauf cas exceptionnels.

Une affaire symptomatique d’un climat politique tendu

Cette affaire intervient dans un contexte politique particulièrement tendu aux États-Unis. Le président américain, Donald Trump, a promis de « mettre fin au délire transgenre » et a pris une série de mesures limitant les droits des personnes trans, notamment les mineurs.

Notre dossier sur les Etats-Unis

Dès le lendemain du crash, Trump avait suggéré, sans aucune preuve, que les politiques de diversité dans les recrutements de l’autorité aérienne américaine (la FAA) pouvaient avoir joué un rôle dans la catastrophe. Une déclaration qui a contribué à alimenter les rumeurs ciblant Jo Ellis, alors même qu’elle n’avait aucun lien avec l’accident.