Crash à Washington : « Capharnaüm lumineux », « systèmes non activés », les raisons possibles de l’accident
La collision aérienne survenue dans la nuit de mercredi à jeudi, aux alentours de l’aéroport Ronald Reagan de Washington, pose énormément de questions autour de la sécurité, auxquelles plusieurs experts tentent de répondre, sans avoir pour le moment de certitudes.
Un avion du constructeur Bombardier exploité par PSA, appartenant à American Airlines, avec 60 passagers et quatre membres d’équipage à bord, est « entré en collision à altitude moyenne » avec un hélicoptère militaire Sikorsky H-60, qui effectuait un vol d’entraînement, au moment de l’approche de l’aéroport Ronald-Reagan de la capitale américaine, mercredi soir.
Sur des images captées par le Kennedy Center, un centre culturel de Washington, on distingue les feux puissants d’un avion en phase de descente, et d’autres lumières, moins fortes, d’un autre appareil qui se dirige vers lui, jusqu’à la collision produisant une boule de feu éblouissante.
L’accident « aurait dû être évité » assure Donald Trump
Dans un message sur sa plateforme Truth Social, le président américain Donald Trump a jugé que l’accident « aurait dû être évité », si l’hélicoptère avait manœuvré, sous la direction des contrôleurs aériens. « L’avion était sur une trajectoire d’approche parfaite vers l’aéroport. L’hélicoptère allait droit vers l’avion pendant un certain temps. La nuit était claire, les lumières de l’avion brillaient, pourquoi l’hélicoptère n’est pas monté ou descendu, ou n’a pas effectué un virage ? Pourquoi la tour de contrôle n’a pas dit à l’hélicoptère quoi faire au lieu de demander s’ils avaient vu l’avion ? », s’est interrogé le président américain.
Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, montre en effet un échange entre la tour de contrôle et l’hélicoptère, demandant à ce dernier s’il a bien vu l’avion, juste avant la collision.
L’hélicoptère « pas en contact avec les contrôleurs civils » ?
Il n’est pas inhabituel de voir la capitale fédérale survolée par des avions civils et des hélicoptères militaires à très basse altitude, avec son aéroport Ronald-Reagan au bord du Potomac, fleuve qui sépare la ville de l’Etat de Virginie à l’est. Et contrairement à de nombreuses autres tours, la Washington Tower dispose de deux fréquences radio utilisées pour communiquer avec les aéronefs en vol – avec une fréquence utilisée pour les hélicoptères et une autre pour les autres avions, explique CNN.
Interrogé par RTL, le journaliste et spécialiste des questions aéronautiques Michel Polacco pense qu’il y a eu « un problème de compatibilité entre des systèmes anticollisions civils et militaires », comprendre que l’hélicoptère Black Hawk n’aurait « pas activé ses systèmes pour pouvoir être vu par les contrôleurs civils ». L’hélicoptère n’était par ailleurs sans doute « pas en contact avec les contrôleurs civils alors qu’il était dans une zone d’approche d’aérodrome dans laquelle il ne peut pas pénétrer sans autorisation », dit-il.
Possible que les pilotes « n’aient jamais vu l’hélicoptère »
Robert Sumwalt, ancien pilote, expert et analyste en sécurité des transports chez CBS News, a déclaré que l’avion « effectuait un virage à gauche pour s’aligner sur la piste 33, à moins de 300 pieds » et que les pilotes « étaient forcément très concentrés » sur leur manœuvre. Il est ainsi possible qu’ils « n’aient même jamais vu l’hélicoptère arriver. » « Maintenant, la vraie question est de savoir où était l’attention de cet équipage d’hélicoptère ? »
« Pour l’instant, nous ne savons pas pourquoi l’hélicoptère militaire est entré dans la trajectoire de l’avion PSA », a déclaré le PDG d’American Airlines, Robert Isom, qui semblait imputer la responsabilité du drame à la manœuvre de l’hélicoptère.
Surfréquentation de l’aéroport
Le crash s’est produit de surcroît au milieu d’un « capharnaüm lumineux », décrit Michel Polacco, avec de nombreuses lumières au sol et dans les airs. Ce qui pose aussi la question de la surfréquentation de cet aéroport. L’aéroport Reagan traite déjà 25 millions de passagers par an alors qu’il ne devrait en accueillir que 15 millions, selon le sénateur américain Tim Kaine de Virginie, rapporte CNN.
Or, pour des raisons de commodité, notamment en raison de sa proximité avec le Capitole, des vols supplémentaires ont été inclus dans un vaste projet de loi sur l’aviation approuvé en mai par le Congrès et signé par le président de l’époque, Joe Biden. Une proposition de loi qui va « à l’encontre des problèmes connus de sécurité et de congestion » de cet aéroport, avait soutenu le sénateur américain Chris Van Hollen du Maryland avant l’adoption du projet de loi.
Le chef des pompiers de Washington a déclaré jeudi qu’il ne pensait pas qu’il y ait de survivants après cette collision.