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Corée du Sud : Quels sont les scénarios après l’arrestation ratée du président Yoon Suk Yeol ?

La crise politique a atteint un nouveau sommet en Corée du Sud vendredi. Sous le coup d’un mandat d’arrêt après avoir imposé brièvement la loi martiale début décembre, le président Yoon Suk Yeol aurait dû être arrêté par les enquêteurs à son domicile. Mais les gardes du corps du président déchu se sont interposés, et la police est finalement repartie.

L’actuel ordre émis par un tribunal, le premier à viser un chef de l’Etat en exercice dans l’histoire du pays, court jusqu’à lundi. L’arrestation de Yoon est désormais une hypothèse, et l’avenir politique du pays s’écrit au conditionnel. Ce samedi, une manifestation de soutien à Yoon Suk Yeol a réuni des milliers de Sud-coréens dans les rues de Séoul. Alors que l’incertitude règne, 20 Minutes dresse quelques scénarios possibles pour la suite.

Une nouvelle tentative d’arrestation ?

Jusqu’à la date butoir, les enquêteurs peuvent retenter de s’emparer de Yoon Suk Yeol, cloîtré chez lui dans le centre de Séoul. Leur premier essai vendredi s’est soldé par un échec, quelque 200 soldats et gardes présidentiels ayant bloqué l’opération, marquée par des négociations infructueuses et des altercations avant d’être finalement annulée en milieu de journée.

Si Yoon Suk Yeol, visé notamment pour « rébellion », était arrêté, il pourrait être maintenu en détention pendant 48 heures. Les enquêteurs auraient ensuite le choix entre demander un autre mandat, dit formel, pour le garder à vue plus longtemps, ou le relâcher. Les avocats de l’ex-procureur vedette qualifient le mandat en cours d’« illégal » et promettent d’engager des procédures pour le contester. Si le mandat arrive à expiration, l’agence pourra toujours en solliciter un nouveau, pour une durée de validité de sept jours.

Un mandat d’arrêt « formel » ?

La police pourrait aussi demander directement ce mandat d’arrêt « formel », plus contraignant pour Yoon Suk Yeol, qui serait directement placé en détention pour plus de 48 heures. D’après les spécialistes, ce scénario n’est pas improbable au regard du fait que le président déchu a repoussé trois convocations pour interrogatoire avant d’être finalement ciblé par le mandat actuel, qu’il rejette aussi.

Un mandat d’arrêt formel est généralement émis quand « un suspect refuse de coopérer à l’enquête », explique le commentateur politique Park Sang-byung. Yoon Suk Yeol a par ailleurs « encouragé ses partisans » à le soutenir, ce qui pourrait être perçu par les tribunaux comme une « reconnaissance des accusations criminelles portées contre lui », pense-t-il. Mais là encore, l’application d’un tel mandat demeure incertaine tant que Yoon reste confiné chez lui et protégé par sa garde, composée notamment de militaires.

Une intervention du président par intérim ?

Face à l’obstruction des gardes du corps, le CIO et la principale force de l’opposition, le Parti démocrate, ont demandé au président intérimaire Choi Sang-mok de les obliger à coopérer. « Il est, dans la pratique, impossible d’exécuter le mandat d’arrêt tant que les responsables de la sécurité de Yoon Suk Yeol continuent leur protection », a déploré le CIO dans un communiqué.

Mais Choi Sang-Mok, qui n’a pas encore réagi aux événements de vendredi, se trouve déjà dans une situation politique délicate et il est « improbable » qu’il accède à la requête du Bureau, estime Shin Yul, professeur de sciences politiques à l’université Myongji. Il est notamment critiqué par le Parti du pouvoir au peuple (PPP) de Yoon pour avoir nommé deux nouveaux juges à la Cour constitutionnelle, qui comptait trois sièges vacants sur neuf.

Attendre juin et la décision de la Cour constitutionnelle ?

La Cour doit confirmer ou infirmer d’ici la mi-juin la destitution de Yoon Suk Yeol, adoptée par les députés le 14 décembre. Selon les experts, les enquêteurs auraient beaucoup moins de mal à l’arrêter si son titre lui était retiré. En attendant la décision, il n’est que suspendu et reste officiellement le président titulaire. Le délai jusqu’au verdict pourrait être long et il est possible que les procédures impliquant Yoon Suk Yeol traînent, même si la Cour entend mener un procès rapide, au vu de la gravité du dossier.

Pour les avocats de l’intéressé, les juges doivent au contraire absolument utiliser tout le temps qui leur est imparti, les appelant à examiner en détail « les circonstances qui ont conduit à la déclaration de la loi martiale ». Une mesure choc que Yoon Suk Yeol continue de défendre, malgré les protestations et le chaos institutionnel qu’elle a engendré.