International

Corée du Sud : « Excuses sincères », manifs anti-Yoon, destitution…… On en est où de cette folle semaine « loi martiale » ?

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a présenté samedi ses « excuses sincères » mais n’a pas démissionné. L’impopulaire président conservateur de la Corée du Sud est accusé par l’opposition et par une partie de son propre camp d’avoir ébranlé la jeune démocratie sud-coréenne en imposant par surprise la loi martiale, avant de faire marche arrière six heures plus tard sous la pression des députés et de la rue.

Alors que nous sommes à quelques heures d’un vote du Parlement sur sa destitution, 20 Minutes vous propose de revenir sur cette folle semaine en Corée du Sud et sur les manifestations monstres qui s’y déroulent.

Que fait Yoon Suk Yeol ?

Dans une courte adresse télévisée à la nation, Yoon Suk Yeol a annoncé qu’il confiera à sa formation, le Parti du pouvoir au peuple (PPP), le soin de prendre « des mesures visant à stabiliser la situation politique, y compris concernant mon mandat ». « Je ne fuirai pas mes responsabilités légales et politiques concernant la déclaration de la loi martiale », a-t-il assuré

Dans son allocution, le président a également assuré « qu’il n’y aura jamais de deuxième loi martiale ». « Je présente mes excuses pour avoir causé des craintes au peuple », a-t-il conclu avant de s’incliner.

Que dit l’opposition ?

« Actuellement, le plus gros risque en Corée du Sud est l’existence même du président. Les seules solutions sont une démission immédiate […] ou un départ anticipé par destitution », a déclaré samedi le chef du Parti démocrate, la principale force d’opposition, Lee Jae-myung. de son côté, le chef du PPP, Han Dong-hoon, a affirmé « qu’une démission anticipée du président » était « inévitable », l’exercice normal de ses fonctions étant selon lui « impossible dans ces circonstances ».

Craignant un nouveau coup de force nocturne de Yoon, qui avait disparu de la scène publique depuis mercredi, les députés de l’opposition ont campé toute la nuit à l’intérieur de l’Assemblée nationale. Des autobus et d’autres véhicules ont été garés sur les esplanades autour du bâtiment pour empêcher les éventuels hélicoptères des forces spéciales d’atterrir.

La motion de destitution va-t-elle échouer ?

Les députés sud-coréens ont commencé samedi à voter sur la motion de destitution du président Yoon Suk Yeol, qui paraît vouée à l’échec en raison du boycott de la séance par la plupart des élus du parti au pouvoir. Un par un, les députés ont commencé à glisser leur bulletin dans l’urne, selon des images de la séance retransmises en direct.

L’Assemblée nationale doit se prononcer à 17 heures locales sur cette motion de destitution. Une majorité qualifiée de 200 députés sur 300 est nécessaire pour démettre le président. Le PPP de Yoon dispose de 108 députés et l’opposition de 192. Celle-ci a donc besoin de rallier à sa cause au moins huit députés du camp présidentiel pour l’emporter. A l’issue d’une réunion dans la nuit de vendredi à samedi, une majorité de députés du parti ont réaffirmé la ligne officielle selon laquelle ils feront échec à la destitution, contre l’avis de Han.

Ce vote peut en principe durer 72 heures. Il revient au président de la Chambre de décider quand y mettre un terme, dans ce délai.

Quelles suites judiciaires ?

Si la destitution est votée, Yoon sera suspendu de ses fonctions jusqu’à ce que la Cour constitutionnelle valide ou non la décision des députés. Dans l’affirmative, une élection présidentielle anticipée devra avoir lieu sous 60 jours. Outre la procédure de destitution, Yoon Suk Yeol est visé par une enquête policière pour « rébellion », un crime théoriquement passible de la peine de mort (qui n’a plus été appliquée dans le pays depuis 1997).

Où en sont les manifestions ?

Vendredi soir, environ 15.000 manifestants se sont massés devant l’Assemblée nationale pour réclamer le départ de Yoon et son arrestation. Certains sont restés toute la nuit. Et au moins 150.000 personnes se sont rassemblées devant le Parlement sud-coréen samedi, selon l’agence Yonhap, pour demander au président Yoon Suk Yeol de quitter le pouvoir.

Un rassemblement exigeant la destitution du président sud-coréen Yoon Suk Yeol, devant l'Assemblée nationale à Séoul, en Corée du Sud, le samedi 7 décembre 2024. Sur les affiches : le mot "destitution".
Un rassemblement exigeant la destitution du président sud-coréen Yoon Suk Yeol, devant l’Assemblée nationale à Séoul, en Corée du Sud, le samedi 7 décembre 2024. Sur les affiches : le mot « destitution ». - Ahn Young-joon/AP/SIPA

Toutes nos infos sur la Corée du Sud

Parés de tenues pittoresques ou d’accessoires bricolés à la main, les manifestants ont fait preuve de créativité pour afficher leur revendication, qu’il s’agisse de tubes de K-pop, de mouvements de danse TikTok ou de chants de Noël. « La police a estimé qu’environ 149.000 personnes avaient rejoint le rassemblement à 17h30 tandis que les organisateurs ont affirmé que la participation était d’un million de personnes », a rapporté l’agence de presse sud-coréenne.

Jeudi soir, c’est la mélodie de Into the New World (2007) du groupe de K-pop Girls’ Generation qui a été chantée par des manifestants tenant des bougies électriques devant l’Assemblée nationale.