International

Conflit Inde-Pakistan : Après une journée meurtrière, les deux pays s’accusent d’attaques de drones

Les tensions s’intensifient entre l’inde et le Pakistan après l’attentat de Pahalgam le 22 avril dernier. Ce jeudi 8 mai les deux pays s’accusent mutuellement d’avoir mené des attaques de drones, aggravant l’inquiétude d’une communauté internationale qui appelle les deux puissances nucléaires à une désescalade.

La veille, les armées des deux puissances nucléaires ont échangé d’intenses tirs d’artillerie après des frappes indiennes au Pakistan visant, selon New Delhi, le groupe qu’il accuse d’avoir commis l’attentat du 22 avril dans sa partie du Cachemire. Ces bombardements ont fait au moins 48 morts dans les deux camps, quasiment tous civils.

Jeudi, après une nuit plus calme dans le Cachemire, Lahore, la grande ville pakistanaise frontalière de l’Inde, s’est réveillée au son d’explosions qui ont repris par intermittence. L’Inde a affirmé avoir « neutralisé » la défense aérienne qui y était déployée.

25 drones abattus par l’armée pakistanaise

New Delhi assure avoir agi en réponse à une attaque nocturne de « missiles et de drones pakistanais » qui visait des « cibles militaires » sur son sol. L’armée pakistanaise affirme de son côté avoir « abattu jusqu’ici 25 drones de fabrication israélienne » envoyés par l’Inde sur au moins neuf villes, certaines abritant des QG militaires ou du renseignement, comme Rawalpindi, la ville-jumelle d’Islamabad.

« Un civil a été tué », a précisé le porte-parole de l’armée pakistanaise, alors que « quatre soldats ont été blessés près de Lahore », où les habitants publiaient sur les réseaux sociaux des images de débris de drones, d’une envergure d’environ deux mètres. « Les forces armées indiennes ont visé des radars et des systèmes de défense aérienne en plusieurs endroits du Pakistan », a déclaré le ministère indien de la Défense, précisant que les installations de Lahore avaient été « neutralisées ».

L’armée pakistanaise, elle, a dénoncé un « nouvel acte d’agression » de l’Inde mené avec des drones d’attaque de fabrication israélienne « Harop », soit des drones kamikazes. A Rawalpindi, aux abords d’un périmètre fermé par les forces de sécurité, Wajid Khan, employé de la Défense civile, a dit vouloir « informer le public que des drones volent encore ». « Il ne faut pas céder à la panique et rester chez soi », a-t-il ajouté.

Interruption du trafic aérien

L’aviation civile pakistanaise a annoncé fermer l’aéroport de Karachi, la capitale économique, pour une bonne partie de la journée, et a brièvement interrompu le trafic dans trois autres aéroports, dont ceux d’Islamabad et de Lahore. Au même moment, le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar assurait à son homologue iranien Abbas Araghchi, venu en médiateur, qu’il n’était « pas dans (l’) intention (de l’Inde) de causer une nouvelle escalade ». Toutefois, a-t-il ajouté, toute attaque du Pakistan suscitera « une réponse très ferme ».

Dans les jours qui ont suivi l’attaque du 22 avril -dont New Delhi tient Islamabad responsable malgré ses démentis- les soldats postés des deux côtés de la frontière de facto au Cachemire ont commencé à échanger chaque nuit des tirs à l’arme légère. Mais dans la nuit de mardi à mercredi, la situation s’est brutalement détériorée : après les frappes indiennes, les soldats pakistanais ont sorti l’artillerie et bombardé sans répit la partie indienne de la région majoritairement musulmane que les deux pays se disputent.

Notre dossier sur l’Inde

Ces actes ont fait franchir mercredi un nouveau palier à la rivalité entre les deux Etats, nés en 1947 d’une douloureuse partition. Pour les experts, une telle intensité n’avait pas été atteinte depuis deux décennies.