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Conflit au Proche-Orient : Israël prévoit la « conquête de la bande de Gaza », les familles d’otages inquiètes

Dans le but de « vaincre le mouvement islamiste » et d’assurer le « retour des otages » israéliens, après 19 mois de guerre, Israël a annoncé lundi l’expansion de son offensive dans la bande de Gaza, prévoyant la « conquête » du territoire palestinien. Le cabinet politico-sécuritaire israélien a approuvé dans la nuit le nouveau plan de combat, a indiqué lundi une source officielle israélienne. Dimanche soir, l’armée israélienne avait confirmé le rappel de « dizaines de milliers de réservistes » pour son offensive à Gaza.

L’objectif affiché par le gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahou, l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël, est toujours de vaincre le mouvement islamiste Hamas, dont l’attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël, a déclenché la guerre dans le territoire palestinien. « Le plan comprendra, entre autres, la conquête de la bande de Gaza et le contrôle de territoires », a indiqué la source dans un communiqué. Approuvé à l’unanimité par le cabinet réunissant les ministres du gouvernement, ce plan prévoit « des frappes puissantes contre le Hamas », selon la même source.

« Le gouvernement choisit le territoire plutôt que ses otages »

Le Forum des familles, la plus grande association de proches d’otages en Israël, a accusé de son côté le gouvernement israélien de « sacrifier » les otages à Gaza après l’approbation d’une expansion de l’offensive israélienne dans le territoire palestinien. Ce plan mérite le nom de « plan Smotrich-Netanyahu » car il « sacrifie les otages », selon un communiqué de l’association, en référence à l’influence du ministre des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, sur le gouvernement du Premier ministre, Benyamin Netanyahou. « Ce matin, le gouvernement admet qu’il choisit le territoire plutôt que les otages, contrairement aux souhaits de plus de 70 % de la population », ajoute le texte.

Le Premier ministre israélien a par ailleurs affirmé pendant la réunion qu’il « continuait à promouvoir le plan Trump visant à permettre le départ volontaire des habitants de Gaza et que les négociations à ce sujet se poursuivaient », selon la même source. Début février, le président américain, Donald Trump, avait lancé l’idée d’une prise de contrôle de la bande de Gaza par les Etats-Unis pour la reconstruire et en faire la « Riviera du Moyen-Orient ». Pour cela, ses habitants pourraient, selon lui, être déplacés vers l’Egypte et la Jordanie, deux pays voisins qui ont rejeté cette option.

Ce projet avait suscité un tollé à l’international, mais les autorités israéliennes ont continué à s’y référer ces derniers mois, notamment en créant une administration spéciale chargée de permettre aux Palestiniens de quitter la bande de Gaza, ou en mentionnant la recherche de pays d’accueil.

Une crise humanitaire à Gaza

Au cours de la réunion du cabinet, le gouvernement a également approuvé la « possibilité d’une distribution humanitaire » à Gaza, soumise à un blocus total israélien depuis le 2 mars, si cela venait à être « nécessaire ». Pour l’heure, le cabinet a estimé qu’il y avait « actuellement suffisamment de nourriture » dans le territoire selon la source officielle.

Les organisations d’aide internationale, de même que les Gazaouis, témoignent depuis des semaines d’une situation humanitaire dramatique dans ce petit territoire, notamment en raison des pénuries de biens de première nécessité. Le Programme alimentaire mondial (PAM), un des principaux fournisseurs de nourriture dans la bande de Gaza, a par exemple annoncé le 25 avril avoir « épuisé tous ses stocks » dans le territoire palestinien.

Israël accuse le Hamas de détourner l’aide humanitaire, et dit avoir bloqué l’entrée de toute aide dans le territoire pour faire pression sur le mouvement islamiste afin qu’il libère les personnes enlevées en Israël et détenues dans la bande de Gaza. Le mouvement islamiste palestinien Hamas a accusé lundi Israël d’utiliser l’aide humanitaire comme un moyen de « chantage politique » et de porter la responsabilité de « l’aggravation de la catastrophe humanitaire » dans la bande de Gaza. « Nous rejetons l’utilisation de l’aide humanitaire comme un moyen de chantage politique », a déclaré le Hamas dans un communiqué.