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Combien coûterait le Groenland, si Donald Trump voulait vraiment l’acheter ?

Île arctique, 2,2 millions de km2, offres non sérieuses s’abstenir. Le Groenland n’est pas à vendre, mais cela n’empêche pas Donald Trump, bientôt de retour au poste de président des Etats-Unis, de vouloir l’acheter. Il a fait savoir à de nombreuses reprises son intérêt pour territoire du Danemark ces dernières semaines, et souhaite l’intégrer au territoire des Etats-Unis.

Mais combien cela coûterait une telle opération ? Les rachats de territoires, relativement courant à l’époque des empires coloniaux, ont graduellement disparu. Le dernier achat des Etats-Unis dans le secteur remonte à 1917, quand le pays a acquis les Îles Vierges. Coïncidence, l’ancien propriétaire était là encore le Danemark. La transaction avait coûté environ 25 millions de dollars de l’époque, soit environ 700 millions d’euros d’aujourd’hui pour une cinquantaine d’îles totalisant tout juste 346 km2.

Entre 10 et 1.100 milliards de dollars

Le prix du Groenland en 2025 serait bien différent. Le cabinet économique Asterès a tenté d’explorer la valeur éventuelle du territoire dans une note. Mais « même en prenant en compte l’inflation et le PIB, c’est très hypothétique », juge Sylvain Bersinger, chef économiste du cabinet. Plusieurs méthodes, faisant varier la valeur du simple au centuple sont présentées dans l’étude.

« Une façon d’évaluer la valeur d’un actif est de le comparer aux autres transactions [comparables] réalisées, détaille le cabinet. Une estimation basée sur cette méthode estime la valeur du Groenland entre 12,5 milliards de dollars [si l’on compare à l’achat des Iles Vierges] et 77 milliards de dollars [si l’on compare à l’achat de l’Alaska en 1867]. » Ajustée pour 2025, une précédente offre de l’administration Truman, faite au Danemark en 1946, porterait le prix du territoire à « seulement » 10 milliards de dollars.

Mais les enchères peuvent encore monter. Les zones du cercle polaires, comme le Groenland, sont en effet convoitées pour leurs ressources en matières premières, notamment les minerais et les hydrocarbures. « Du peu qu’on en sait, c’est un sous-sol riche en ressource », explique Sylvain Bersinger. Selon une étude d’Alphaville publiée dans le Financial Times, cette méthode d’estimation porterait la valeur du Groenland à 1.100 milliards de dollars.

Un pays, ça n’a pas de prix

Mais Sylvain Bersinger insiste, énormément de facteurs entrent en jeu, et attribuer une valeur de vente à un pays est difficile. « Vous rachetez un territoire avec des gens dessus, contrairement à d’autres actifs où l’on demande seulement au propriétaire, explique-t-il. C’est une complexité juridique voire déontologique. » Avant de rappeler : « Donald Trump n’a pas avancé de prix, lui-même n’a probablement pas trop d’idées. Il y a aussi des considérations géopolitiques qui influenceraient la transaction. Dans l’histoire des échanges de territoires, souvent, un pays était en position de force par rapport à l’autre. »

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En restant sur l’estimation haute de 1.100 milliards de dollars, les Etats-Unis pourrait-il seulement s’offrir le Groenland ? Avec un PIB de plus de 29.000 milliards de dollars en 2024, ce serait un achat envisageable avec un peu d’emprunts et un budget. Mais « le Groenland appartient aux Groenlandais et toute discussion sur l’avenir du peuple groenlandais doit commencer et se terminer à Nuuk », a poliment répondu Mette Frederiksen, Première ministre danoise, la semaine dernière. Donald Trump risque de devoir trouver un autre lieu pour son prochain golf.