Canada : Pour le Premier ministre Carney, l’ère du libre-échange avec les États-Unis « est révolue »

Le Premier ministre canadien Mark Carney a déclaré jeudi que l’ancienne relation économique avec les États-Unis, fondée sur l’intégration des chaînes de production et la coopération sécuritaire, « est terminée ».
S’exprimant à Ottawa à l’issue d’une réunion de son cabinet, il a appelé les Canadiens à « réimaginer en profondeur » leur économie, en riposte aux nouvelles taxes imposées par Donald Trump sur les voitures et pièces détachées importées. Ces tarifs de 25 %, que le président américain a qualifiés de « permanents », entreront en vigueur le 2 avril.
Une « rupture historique »
« L’accord de 1965 sur les produits automobiles, qui a façonné notre industrie, est terminé avec ces tarifs », a affirmé Carney en français. Il a assuré que le Canada pouvait maintenir une industrie automobile viable, à condition de réorienter rapidement la production et les investissements.
Le Canada prévoit d’instaurer des droits de douane en représailles, visant à infliger un « impact maximal » aux intérêts économiques américains.
Des menaces de représailles en cas de coordination avec l’Europe
La déclaration de Carney intervient à un mois des élections fédérales qui se tiendront le 28 avril prochain. Il a suspendu une partie de sa campagne pour faire face à cette crise, tout comme ses principaux adversaires. Le chef conservateur Pierre Poilievre a dénoncé des tarifs « injustifiés et non provoqués », tandis que le chef du parti de gauche Jagmeet Singh a qualifié cette décision de « trahison » et proposé de bloquer l’accès au marché canadien à toute entreprise délocalisant sa production.
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Donald Trump a menacé d’amplifier encore les taxes si le Canada et l’Union européenne tentaient de coordonner leur riposte. « Des tarifs bien plus élevés seront appliqués », a-t-il averti sur sa plateforme Truth Social. Du côté du Mexique, la présidente Claudia Sheinbaum a promis une réponse “intégrale” le 3 avril. « Bien sûr qu’il ne devrait pas y avoir de tarifs, c’est l’essence même de notre accord de libre-échange », a-t-elle rappelé.