Cameroun : Paul Biya réélu président après 41 ans depuis 1982
Paul Biya, 92 ans, a été réélu président du Cameroun avec 53,66 % des suffrages, selon les résultats officiels proclamés par le Conseil constitutionnel. Issa Tchiroma Bakary a obtenu 35,19 % des voix et revendique la victoire, appelant à des manifestations de soutien.
Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis 1982, a été réélu sans surprise pour un huitième mandat au Cameroun. Il a obtenu 53,66 % des voix, selon les résultats officiels annoncés par le Conseil constitutionnel lundi, quinze jours après le vote.
La majorité des analystes anticipaient que Paul Biya, le plus ancien chef d’État en exercice au monde, serait réélu pour un nouveau septennat, dans un système que ses détracteurs qualifient de verrouillé après 43 ans de pouvoir. Cependant, le scrutin a été plus disputé que prévu, l’opposant Issa Tchiroma Bakary ayant obtenu la deuxième place, avec plus d’un tiers des voix (35,19 %) selon les chiffres officiels.
Son opposant conteste la légitimité des résultats
Cet ancien ministre proclame sa victoire face au président sortant après le scrutin du 12 octobre et incite les Camerounais à se mobiliser pour défendre sa victoire lors de « marches pacifiques ». Quatre personnes ont perdu la vie dimanche à Douala, la capitale économique, lors de manifestations de soutien à l’opposant, d’après le gouverneur de la région du Littoral. Les forces de sécurité ont d’abord lancé une salve de gaz lacrymogène avant d’utiliser « des balles réelles », selon des manifestants.
Les rassemblements sont interdits et la circulation est restreinte dans la plupart des grandes villes du pays jusqu’à l’annonce du président élu. Toutefois, depuis la semaine dernière, des partisans d’Issa Tchiroma, qui selon son propre décompte aurait obtenu 54,8 % des suffrages contre 31,3 % pour Paul Biya, descendent sporadiquement dans les rues pour revendiquer leur victoire à l’élection présidentielle. Il a appelé mercredi les Camerounais à manifester si le Conseil constitutionnel venait à publier des « résultats falsifiés et tronqués ».
Depuis les premières heures du matin, des patrouilles mixtes de police et de gendarmerie sont déployées aux principaux carrefours de Yaoundé, tandis que des véhicules blindés sont stationnés près des zones considérées comme sensibles. La police affirme vouloir « garantir la sécurité du processus électoral et prévenir tout débordement ». Dans plusieurs quartiers de Yaoundé, de nombreuses boutiques et stations-service maintiennent leurs rideaux baissés par crainte de troubles. Les transports en commun fonctionnent au ralenti et la circulation y est exceptionnellement fluide.
Paul Biya est le deuxième chef d’État à diriger le Cameroun depuis son indépendance vis-à-vis de la France en 1960, et il a exercé son pouvoir en réprimant toute opposition. Il a traversé des crises économiques et un conflit séparatiste qui dure depuis 2016 dans les deux régions anglophones du pays.

