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Bulgarie : Le gouvernement démissionne trois semaines avant l’entrée en euro.

Le gouvernement bulgare a annoncé sa démission jeudi, au lendemain d’une nouvelle manifestation de masse pour dénoncer la corruption dans l’appareil de l’État et à trois semaines de l’entrée de la Bulgarie dans la zone euro. Selon le directeur de l’agence de sociologie MarketLinks, Dobromir Zhivkov, « plus de 70 % soutiennent la vague de protestations », a-t-il ajouté, citant une étude parue jeudi.

Une réaction à la colère populaire. Le gouvernement bulgare a annoncé sa démission jeudi, suite à une nouvelle manifestation de grande ampleur contre la corruption au sein de l’État, à trois semaines de l’entrée de la Bulgarie dans la zone euro. « Je vous informe […] que le gouvernement démissionne aujourd’hui », a déclaré le Premier ministre Rossen Jeliazkov lors d’une conférence de presse, alors que les députés examinaient une motion de censure présentée par l’opposition.

Mercredi soir, des dizaines de milliers de citoyens ont manifesté dans la capitale, Sofia, ainsi que dans d’autres localités du pays, dans une nouvelle expression de mécontentement contre des dirigeants accusés de corruption.

« La corruption est partout »

Cette vague de mécontentement, sans précédent depuis plusieurs années et marquée par une forte participation des jeunes, a débuté fin novembre, lorsque le gouvernement a tenté de faire adopter en urgence le budget 2026, le premier à être libellé en euros. « Je suis ici parce que la corruption est partout. La situation est intolérable. Une grande partie de mes amis ne vivent plus en Bulgarie et ne reviendront pas », a déclaré à l’AFP mercredi soir Gergana Gelkova, une employée de commerce de 24 ans présente à la manifestation à Sofia, en ajoutant qu’« il faut que les parasites quittent le pouvoir ».

Après sept élections en moins de quatre ans, le fragilité du gouvernement de Jeliazkov, formé en janvier, s’est traduite par une coalition temporaire rassemblant les conservateurs du GERB, dirigés par l’ancien Premier ministre Boïko Borissov, et trois autres partis. Sous la pression des manifestants, il avait retiré le 3 décembre son projet de budget, qui proposait une augmentation des impôts et des cotisations sociales, des hausses que contestent les protestataires et l’opposition, les accusant de masquer des détournements de fonds.

Nouvelles élections en perspective

Un nouveau projet de budget a été présenté au Parlement en début de semaine, mais cela n’a pas suffi à apaiser la colère. Selon Dobromir Zhivkov, directeur de l’agence de sociologie MarketLinks, « la société bulgare est très largement unie contre le modèle de gouvernance du pays ». « Plus de 70 % soutiennent la vague de protestations », a-t-il ajouté, en se basant sur une étude publiée jeudi. La décision de Jeliazkov de démissionner intervient alors que ce petit pays des Balkans, le plus pauvre de l’Union européenne, s’apprête à adopter la monnaie unique le 1er janvier, ce qui engendre des inquiétudes parmi les Bulgares quant à une hausse des prix.

Toutefois, le changement de monnaie ne devrait pas être perturbé, car les institutions impliquées, « telles que la Banque nationale bulgare, sont indépendantes », a souligné Petar Ganev, chercheur senior à l’Institut pour l’économie de marché (IME), dans un entretien avec l’AFP. Selon la Constitution bulgare, la démission du gouvernement doit être ratifiée par le Parlement, qui se réunira vendredi matin.

Ensuite, il reviendra au président de confier un mandat pour la formation d’un nouveau gouvernement dans le cadre de l’assemblée actuelle. Cependant, les principaux partis politiques ont déjà annoncé qu’ils ne souhaitaient pas s’allier, ce qui incitera le président à convoquer des élections extraordinaires, devant se tenir dans les deux mois suivants.