Bénin : Une trentaine de personnes en prison après putsch avorté
Une trentaine de personnes, majoritairement des militaires, ont été écrouées, mardi, au Bénin, en lien avec la tentative de coup d’État déjouée le 7 décembre. Le Bénin a également émis un mandat d’arrêt international contre l’influenceur Kemi Seba pour son soutien à la tentative de putsch.
Une trentaine de personnes, principalement des militaires, ont été incarcérées mardi au Bénin. Elles ont été arrêtées en rapport avec la tentative de coup d’État déjouée le 7 décembre. Ce jour-là, des militaires avaient déclaré à la télévision nationale avoir destitué le président Patrice Talon. L’armée béninoise a finalement contrecarré le coup à la même date, avec le soutien du Nigeria et de la France. Plusieurs personnes ont perdu la vie, et des mutins, y compris leur chef, le lieutenant-colonel Pascal Tigri, demeurent en fuite.
Lundi, une trentaine de personnes ont été présentées au procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme à Cotonou. Après leur audition, elles ont été placées sous mandat de dépôt mardi. Elles sont accusées de « trahison », « assassinat » et « attentat à la sûreté de l’État ».
Le Bénin a également émis vendredi un mandat d’arrêt international contre l’influenceur panafricaniste et anti-occidental Kemi Seba pour son soutien à la tentative de coup d’État. Hors du Bénin, il est poursuivi pour « apologie de crimes contre la sûreté de l’État et incitation à la rébellion ». « Nous irons au bout de ce combat », a-t-il réagi sur ses réseaux sociaux.
Par ailleurs, plusieurs figures de l’opposition ont été arrêtées ces derniers jours. La Cour d’appel de Cotonou a confirmé lundi la condamnation à deux ans de prison de Steve Amoussou, cyberactiviste critiquant fortement le régime.
Chabi Yayi, fils de l’ancien président et désormais opposant Thomas Boni Yayi, a été arrêté dimanche à son domicile, où des perquisitions ont eu lieu, selon un de ses collaborateurs. Membre du parti d’opposition Les Démocrates, qu’il préside, il est également poursuivi en lien avec la tentative de coup d’État, pour des motifs qui restent inconnus. Selon des sources judiciaires, il est convoqué de nouveau à la police judiciaire jeudi.
L’ancien ministre béninois de la Défense, Candide Azannaï, figure politique importante de l’opposition, a été arrêté vendredi. Les liens de son arrestation avec la tentative de coup d’État sont incertains. Bien qu’il ait condamné la tentative de putsch, il dénonçait aussi une « instrumentalisation » des événements « à des fins de confiscation du pouvoir ».
Si Patrice Talon est salué pour le développement économique du Bénin, il est fréquemment accusé par ses opposants d’avoir pris une direction autoritaire dans un pays précédemment reconnu pour la vigueur de sa démocratie. Il prévoit de céder le pouvoir en avril, lors de l’élection présidentielle, car il achève ses deux mandats, le maximum prévu par la Constitution. Son successeur probable, le ministre des Finances Romuald Wadagni, bénéficie d’une situation favorable pour lui succéder, le principal parti d’opposition étant exclu du scrutin en raison d’un manque de parrainages suffisants.

