Bénin : Situation sous contrôle après arrestation de militaires, point coup d’État.
Les autorités béninoises ont annoncé ce dimanche avoir déjoué une tentative de coup d’État après que des militaires aient déclaré à la télévision avoir destitué le président Patrice Talon. Selon une source militaire, une douzaine de soldats, dont les auteurs de la tentative de putsch, ont été arrêtés, et la zone autour du palais présidentiel de Cotonou est restée bouclée par des militaires.
Après une période d’incertitude, la situation semble désormais stabilisée au Bénin. Les autorités ont annoncé ce dimanche avoir réussi à déjouer une tentative de coup d’État, suite à l’apparition de militaires à la télévision, proclamant avoir destitué le président Patrice Talon. Selon son entourage, il est en sécurité et doit passer le relais lors des élections présidentielles d’avril prochain, après avoir exercé deux mandats à la tête de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, marqué par une croissance économique robuste, mais également par des violences djihadistes dans sa région nord. 20 Minutes vous propose un récapitulatif des événements de la journée.
Les auteurs de la tentative de coup d’État ont été appréhendés. D’après des sources militaires relayées par l’AFP, une douzaine de soldats, dont les instigateurs du putsch, ont été arrêtés. Dans l’après-midi de dimanche, le secteur autour du palais présidentiel de Cotonou était toujours sécurisé par des militaires, certains d’entre eux étant positionnés sur des chars. Des coups de feu ont résonné dans la capitale économique aux alentours de midi, selon des témoins.
En dehors de ces évènements, la population a poursuivi en grande partie ses activités ce dimanche matin, notamment en assistant à la messe, bien que certains se soient regroupés autour de leurs téléphones pour discuter de la tentative de coup d’État.
Plusieurs heures auparavant, après des tirs entendus près de la présidence, huit militaires, portant des bérets de couleurs variées et armés de fusils d’assaut, se présentant comme le « Comité militaire pour la refondation » (CMR), avaient annoncé à la télévision publique la destitution du président Patrice Talon. Ils avaient nommé le lieutenant-colonel Pascal Tigri « président du CMR » et justifié leur action par une « dégradation continue de la situation sécuritaire au nord du Bénin », la « négligence envers les soldats tombés au front et leurs familles laissées à leur sort », ainsi que par « des promotions injustes au détriment des plus méritants ». Ils avaient également dénoncé une remise en cause « déguisée des libertés fondamentales » opérée par le pouvoir et avaient formulé des revendications sociales.
Quelques heures plus tard, le ministre béninois de l’Intérieur, Alassane Seidou, a pris la parole à la télévision nationale pour confirmer que le coup d’État avait été contré. « Face à cette situation, les forces armées béninoises et leur hiérarchie, fidèles à leur serment, sont restées républicaines. Leur riposte a permis de garder le contrôle de la situation et de faire échec à la manœuvre », a-t-il déclaré. L’entourage du président Talon a également rapidement rassuré sur sa sécurité et a annoncé que l’armée reprenait le contrôle de la ville.
Une source militaire a indiqué que la situation était « sous contrôle » et que les putschistes n’avaient pas réussi à prendre le « domicile du chef de l’État » ou « la présidence de la République ». « C’est une question de temps pour que tout rentre dans l’ordre. Le nettoyage suit bien son cours », a précisé cette source.
Les réactions face à cette tentative de coup d’État ont été unanimes. L’Union africaine a fermement condamné cette action, appelant « tous les acteurs impliqués à cesser immédiatement toutes actions illégales ». La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a également rappelé son opposition à une « action anticonstitutionnelle qui constitue une subversion de la volonté du peuple béninois », exprimant son soutien au gouvernement et au peuple béninois « par tous les moyens nécessaires, y compris le déploiement de la force régionale en attente ».
L’histoire politique du Bénin a été marquée par plusieurs coups d’État ou tentatives. Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, doit quitter son poste en 2026, à la fin de son second mandat, ce qui est le maximum autorisé par la Constitution. Bien qu’il soit salué pour le développement économique du Bénin, il est régulièrement critiqué par ses opposants pour avoir pris une direction autoritaire dans un pays précédemment reconnu pour son dynamisme démocratique.
Cette tentative de coup d’État survient dans un contexte où l’Afrique de l’Ouest est secouée par l’instabilité politique depuis le début de la décennie, avec des coups d’État survenant au Mali, au Burkina Faso, au Niger, en Guinée et, plus récemment, en Guinée-Bissau à la fin de novembre.

