Azerbaïdjan : Le graffeur français emprisonné ne sera pas fixé sur son sort avant le 16 décembre
Il va devoir prendre son mal en patience en détention. L’audience en appel initialement prévue ce lundi pour Théo Clerc, un artiste français détenu pour un graffiti sur un métro en Azerbaïdjan, a été repoussée au 16 décembre, a annoncé son avocate en France, qui dénonce une justice « opaque ». « L’audience est reportée au 16 décembre à 15 heures, les motifs qui sont invoqués sont très flous », a déclaré Me Margot Fontaine.
« Ils disent qu’il y a eu un problème d’extraction, que les services pénitentiaires n’ont pas extrait Théo et qu’il n’a pas été présenté à la cour d’appel. Ça nous paraît très flou et surtout assez erroné, puisque Théo a dit à son frère ce matin qu’on lui avait dit qu’il ne serait pas transféré », a-t-elle poursuivi, déplorant « ce traitement judiciaire opaque qui maintient Théo dans une situation très éprouvante ».
L’avocat azerbaïdjanais de Théo Clerc, Eltchin Sadygov, a pour sa part confirmé à l’AFP que son client n’avait « pas été amené aujourd’hui dans la salle d’audience ». Agé de 38 ans, cet artiste avait été condamné le 10 septembre à trois ans de détention pour un graffiti dans le métro alors que ses deux co-accusés, un Néo-Zélandais et un Australien, ont écopé, pour les mêmes faits, d’une simple amende.
« Il n’a rien à faire en prison »
Le ministère français des Affaires étrangères a protesté à plusieurs reprises contre sa détention qu’elle juge « arbitraire » et sa condamnation qualifiée d’« inéquitable ». Les tensions entre la France et l’Azerbaïdjan se sont exacerbées depuis la reprise de contrôle de l’enclave du Haut-Karabakh par Bakou à l’issue d’une offensive éclair, en septembre 2023, ayant provoqué l’exode de plus de 100.000 Arméniens.
Bakou reproche le soutien de Paris à l’Arménie tandis que les autorités françaises accusent l’Azerbaïdjan d’ingérence dans ses territoires d’outre-mer, des allégations rejetées par Bakou.
Théo Clerc « ne doit pas être l’otage de ces mauvaises relations diplomatiques et on doit ramener le sujet à ce qu’il est, c’est-à-dire un individu qui a fait un graffiti sur un métro », a estimé Me Fontaine. « Il n’a rien à faire en prison, puisque ses deux co-artistes, eux, n’ont pas été en prison », a-t-elle ajouté. « Leur seule chance, c’est qu’ils n’étaient pas Français ».