Azerbaïdjan : « En prison, Théo a un matelas, ce qui est un luxe »… Charlie Clerc alerte sur la détention de son frère
Une conférence de presse pour continuer la lutte et entretenir l’espoir. Au lendemain de la condamnation en appel à trois ans de prison de Théo Clerc, coupable d’avoir tagué un métro en Azerbaïdjan, sa famille, son avocate et ses amis se sont réunis ce mardi dans une galerie d’art parisienne. Dénonçant une décision « arbitraire et discriminatoire », Margot Fontaine, sa conseil, juge que son client paie les « mauvaises relations diplomatiques » entre Paris et Bakou, qui se dégradent depuis l’offensive éclair de l’Azerbaïdjan au Haut-Karabakh en 2023.
« La décision est définitive, mais un pourvoi en cassation est toujours possible », précise l’avocate, tout en listant les autres recours à même de faire sortir Théo d’Azerbaïdjan : la grâce présidentielle, dont la majorité des demandes sont traitées en mars, et la demande de transfèrement, c’est-à-dire la possibilité pour le graffeur d’effectuer sa peine de prison en France.
Son frère et sa mère partent à Bakou après Noël
Car affirmer que les conditions de détention de Théo Clerc en Azerbaïdjan sont spartiates relève de l’euphémisme. Emprisonné depuis avril dernier, le trentenaire avait reçu l’été dernier la visite de son frère aîné Charlie, qui l’avait trouvé bien amaigri. D’abord placé dans une cellule pouvant accueillir huit à quinze détenus, Théo a été transféré depuis quelques mois dans une cellule où il ne compte que trois codétenus. « Il a un matelas, ce qui est un luxe. Je l’ai eu ce matin au téléphone, il devait être transféré dans une autre prison, mais il a réussi à négocier, confie Charlie. Il devra finalement juste changer de bâtiment. »
Pour s’alimenter, l’artiste français peut heureusement compter sur la solidarité de ses camarades de galère, qui mettent la nourriture en commun. Car la prison ne vend que des produits de première nécessité aux détenus.
Douche froide, parloir express, barrière de la langue…
Seuls les proches sont autorisés à apporter des vivres aux prisonniers. C’est l’une des raisons qui pousse Charlie à repartir à Bakou juste après Noël, non sans une pointe d’appréhension. « J’y retourne avec ma mère, qui aimerait bien rester là-bas un moment pour soutenir Théo. » Les proches ont notamment droit à un parloir par semaine : huit à dix minutes de communication à travers une vitre en récompense de plusieurs heures d’attente.
Parmi les autres difficultés de la détention, il n’y a pas d’eau potable en cellule, les détenus ne peuvent pas non plus recevoir de courrier. « L’eau chaude pour la douche, c’est uniquement le samedi », poursuit Charlie.
Dernier obstacle, la langue. Les codétenus de Théo ne parlent pas anglais, le Français doit donc se faire comprendre par des signes et des dessins. « Il m’a demandé un dictionnaire azéri, il commence petit à petit à se débrouiller », conclut son frère. Dans sa cellule, Théo dispose aussi d’une télévision, branchée sur une chaîne d’information azérie. Il y voit très régulièrement Emmanuel Macron, souvent cité au journal télévisé. Au fond de sa geôle, le graffeur rêve d’un signe du président français.