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Attaque antisémite à Sydney : Entraînement des assaillants à Bondi Beach

L’enquête sur la fusillade de Sydney, survenue le 14 décembre, a fait 15 morts et de nombreuses blessés lors d’une fête juive de Hanoukka sur la plage de Bondi. Naveed Akram, 24 ans, et son père Sajid Akram, 50 ans, ont été impliqués dans cette attaque, le père ayant été abattu par la police le jour même.


En Australie, l’enquête se poursuit sur la fusillade la plus meurtrière de ces dernières décennies, après qu’un père et son fils ont ouvert le feu sur la foule réunie pour une fête juive sur une plage de Sydney.

À partir de nouvelles informations de la police, de témoignages, de vidéos amateurs et de déclarations officielles, voici une reconstitution de l’attaque antisémite survenue le 14 décembre sur la plage de Bondi. Les deux hommes ont tué 15 personnes et blessé des dizaines d’autres lors du premier jour de la fête juive de Hanoukka.

Naveed Akram, âgé de 24 ans, Australien de naissance, est accusé d’avoir commis cette tuerie avec son père Sajid Akram, âgé de 50 ans, tué par la police le jour même.

Naveed Akram a attiré l’attention des services de renseignement australiens en 2019, lorsqu’il était adolescent et fréquentait des sympathisants du groupe djihadiste État islamique (EI) à Sydney. Selon le Premier ministre Anthony Albanese, deux personnes liées à Naveed Akram ont par la suite été emprisonnées, mais ce dernier n’était pas considéré comme une menace sérieuse et avait largement disparu des radars jusqu’au massacre.

La police rapporte qu’une vidéo trouvée sur le téléphone portable de Naveed Akram, datant de fin octobre, montre le père et le fils s’entraînant, « tirant au fusil de chasse et se déplaçant de manière tactique » dans la campagne, probablement en Nouvelle-Galles-du-Sud. Une autre vidéo d’octobre les montre vêtus de t-shirts noirs devant un drapeau de l’EI, à côté de quatre fusils à canon long et de munitions.

La police indique que le 20 octobre, Naveed a réservé en ligne, via Airbnb, une chambre du 2 au 21 décembre dans une maison de cinq chambres située dans la banlieue sud-ouest de Sydney, à Campsie. Avant de commettre l’attaque, Sajid Akram, né en Inde, et son fils Naveed ont voyagé en novembre dans la région de Davao, sur l’île de Mindanao, au sud des Philippines. Les raisons de ce voyage demeurent floues. Le personnel de l’hôtel GV de Davao a précisé que les deux hommes étaient arrivés le 1er novembre et y étaient restés 28 jours, ne quittant leur chambre que pour de courts instants. Les enquêteurs philippins examinent minutieusement les images de vidéosurveillance.

Deux jours avant l’attaque, des images de vidéosurveillance prises près de Bondi Beach à 21h20, le 12 décembre, montrent le père et le fils se garer, vraisemblablement pour « repérage et planification » de l’attaque. Selon la police, ils se sont ensuite rendus à pied sur la passerelle d’où ils ont ouvert le feu sur la foule deux jours plus tard. À 02h16, le jour de la fusillade, les caméras de surveillance les ont filmés quittant le logement Airbnb et plaçant des armes cachées sous des couvertures dans une voiture immatriculée à nombre de Naveed. D’après les enquêteurs, ils étaient équipés de deux fusils de chasse à un coup, d’une carabine Beretta, de trois bombes artisanales, d’une bombe dissimulée dans une balle de tennis et d’un engin explosif de grande taille, ainsi que de deux drapeaux de l’EI. Ils sont ensuite retournés à leur logement.

À 17h09, le jour du massacre, les caméras de surveillance filment les suspects quittant le logement Airbnb et se dirigeant vers Bondi. Naveed portait un tee-shirt noir et un pantalon noir, tandis que son père était vêtu d’un tee-shirt noir et d’un pantalon blanc. La voiture est filmée jusqu’à son stationnement à Campbell Parade, près d’une passerelle piétonne donnant sur la plage, à 18h50. Les deux tireurs ont alors apposé des drapeaux de l’EI à l’intérieur des pare-brise avant et arrière.

Ensuite, ils ont pris leur matériel meurtrier et se sont dirigés vers la passerelle. La police n’a pas pu identifier celui qui a lancé les bombes artisanales et la balle de tennis vers la foule. Les bombes, apparemment fonctionnelles, n’ont pas explosé. Peu après, selon la police, Sajid et Naveed Akram, « armés des trois armes à feu, ont commencé à tirer sur la foule ».

Paniqués, des milliers de baigneurs s’enfuient au son des coups de feu. Peu après 19 heures, la police annonce sur les réseaux sociaux : « Nous demandons toujours aux personnes présentes dans la zone de se mettre à l’abri jusqu’à ce que nous puissions déterminer ce qui se passe ». Une équipe de sauveteurs, qui n’était pas en fonction, court sur la plage pour mettre les enfants en sécurité. D’autres, plus proches des tireurs, se mettent à couvert. Des églises, bars et restaurants ouvrent leurs portes aux foules effrayées qui fuient la plage. Le Français Alban Baton, 23 ans, se cache pendant plusieurs heures avec d’autres clients dans la chambre froide d’une épicerie.

À peu près au même moment, Sajid Akram quitte la passerelle et commence à avancer vers la plage. Tirant sur la foule, il est désarmé par le vendeur de fruits Ahmed al Ahmed, qui prenait un café avec des amis, dans un acte héroïque diffusé à l’international. Ahmed al Ahmed est atteint par deux balles, bien qu’il ne soit pas clair à quel moment ni par qui. Le fils continue de tirer depuis la passerelle.

La police arrive environ 10 minutes après le début du carnage, alors que Sajid Akram rejoint son fils sur la passerelle. Sajid est tué lors d’un échange de coups de feu avec la police, tandis que son fils est blessé à l’abdomen. Hospitalisé, il a été inculpé pour 15 meurtres et pour « terrorisme ».

Les sirènes retentissent, les secouristes s’affairent à pratiquer des massages cardiaques sur les corps au bord de la mer. Les victimes ensanglantées sont transportées à travers la plage sur des planches de surf utilisées comme brancards. Des dizaines de personnes sont évacuées d’urgence à l’hôpital. À 21h36, le Premier ministre de Nouvelle-Galles du Sud, Chris Minns, qualifie l’attaque de « terroriste ». Le lendemain matin, les autorités confirment que 15 personnes sont décédées.