Allemagne : L’extrême droite proche du pouvoir en Autriche, une aubaine pour l’AfD
Déjà soutenue par Elon Musk et portée par les sondages, l’extrême droite allemande regarde vers son voisin et espère un effet d’entraînement. « Nous avons vu ce qui subitement en Autriche a été possible, attendons de voir ce qui va se passer ici », a lancé Beatrix von Storch, une des vice-présidentes du groupe parlementaire de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), en marge d’un congrès qui s’achève dimanche à Riesa, en Saxe. Après être arrivé en tête aux élections de fin septembre avec près de 29% des suffrages, le parti « frère » autrichien de la Liberté (FPÖ), emmené par le très radical Herbert Kickl, négocie désormais la formation d’un gouvernement en tandem avec les conservateurs de l’ÖVP.
L’AfD, qui a officiellement nommé ce weekend Alice Weidel, 45 ans, comme cheffe de file en vue du scrutin législatif allemand du 23 février, est créditée selon un sondage Insa publié par Bild ce week-end de 22%, en progression et à 8 points seulement des conservateurs CDU/CSU. Certes, la probabilité de voir le parti anti-système et nationaliste accéder au responsabilités est pratiquement nulle, dans la mesure où aujourd’hui aucune autre formation ne veut gouverner avec lui. Mais le mouvement, qui pendant longtemps s’est positionné à dessein dans un rôle d’opposition pour capter les mécontents, affiche désormais des ambitions à Berlin.
Les cadres du mouvements veulent croire que les préventions des autres partis finiront par s’étioler, comptant aussi sur le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, dont ils espèrent que son programme pourrait leur conférer une légitimité supplémentaire. « Vous avez vu ce qui se passe en Autriche (…) il faut attendre l’issue des négociations » mais « je vois déjà une évolution positive, on ne pourra pas éternellement faire fi de la volonté des électeurs », veut croire Giesela Elliott, une déléguée de l’AfD, originaire de Düren, dans l’ouest du pays, dans les couloirs du congrès de Riesa.
Références au IIIe Reich
S’il est plébiscité par son électorat, Herbert Kickl inquiète le reste de la classe politique. Il veut se faire appeler Volkskanzler, le « chancelier du peuple » – comme Adolf Hitler, natif d’Autriche – même s’il se défend de toute référence nazie. En Allemagne, l’AfD compte en son sein un puissant courant identitaire, nationaliste, emmené par Björn Höcke, régulièrement accusé de révisionnisme historique sur le IIIème Reich et de proximité avec les néo-nazis. Il a été condamné par la justice pour l’emploi lors de réunions électorales d’un slogan des SA nazis.
« Les négociations entre le FPÖ et l’ÖVP sont très suivies par le monde politique allemand », notamment par Alice Weidel, « attirée par le succès du frère autrichien », écrit dimanche le quotidien autrichien Der Standard. « Le fait que la chancellerie se soit rapprochée d’un grand pas » pour Herbert Kickl « donne de l’espoir à Weidel », ajoute-t-il, « en Allemagne aussi, dit-elle, le cordon sanitaire contre l’AfD va bientôt tomber ».
Un programme commun
« Si l’on veut comprendre l’AfD, il faut regarder ce qui se déroule à Vienne car c’est aussi ce que fait Alice Weidel, l’extrême droite allemande observe de manière intéressée comment Herbert Kickl franchit le cordon sanitaire » longtemps établi par les partis traditionnels contre le FPÖ, estime le quotidien allemand de centre-gauche Süddeutsche Zeitung.
Les affinités programmatiques entre les deux formations sont nombreuses. Qu’il s’agisse de l’opposition résolue aux migrants – elles prônent ouvertement une « remigration » des étrangers non désirables – d’un tropisme pro-russe ou de l’hostilité à l’Union européenne. Lors de son congrès ce week-end, le parti allemand a adopté un programme qui prône un retour à une « Europe des patries » avec sortie de l’euro et de l’UE jugée « nécessaire ».