Afrique du Sud : Pretoria dément toute « persécution » des Afrikaners « réfugiés » aux Etats-Unis

Le gouvernement sud-africain a vivement contesté lundi l’accueil par les Etats-Unis d’un groupe de 49 Afrikaners, descendants des premiers colons européens en Afrique du Sud, qualifiés de « réfugiés » par Washington. Ces familles, principalement issues du milieu agricole, ont atterri à l’aéroport international de Dulles, en Virginie, où elles ont été reçues avec les honneurs par de hauts responsables américains.

« Un réfugié est quelqu’un qui doit quitter son pays par peur de persécution politique, religieuse ou économique. Ils ne correspondent pas à cette définition », a réagi le président sud-africain Cyril Ramaphosa depuis Abidjan, dénonçant un « groupe marginal qui n’a pas beaucoup de soutien, qui est contre la transformation et le changement. Et qui préférerait voir l’Afrique du Sud revenir à des politiques d’apartheid ».

Une « situation terrible » en Afrique du Sud

L’administration de Donald Trump, elle, justifie cette mesure exceptionnelle par une « situation terrible » en Afrique du Sud. Le président américain a signé un décret le 7 février dernier pour accorder le statut de réfugiés à ces familles, les estimant « spoliées de leurs terres ». « Des agriculteurs se font tuer. Il se trouve qu’ils sont blancs, mais qu’ils soient blancs ou noirs ne fait aucune différence pour moi », a affirmé Donald Trump à la Maison-Blanche. « Nous avons proposé la nationalité à ces gens pour leur permettre d’échapper à cette violence et de venir ici », a-t-il précisé.

Le sous-secrétaire d’Etat Christopher Landau a salué ces nouveaux arrivants à Washington comme des victimes « d’une persécution flagrante à cause de leur race ». « Bienvenue aux Etats-Unis d’Amérique, la terre de la liberté », a-t-il déclaré, accompagné de Troy Edgar, du ministère de la Sécurité intérieure.

Tensions entre Washington et Pretoria

Mais les chiffres nuancent fortement ce récit. L’organisation AfriForum a recensé 49 meurtres d’agriculteurs en 2023 – un chiffre stable par rapport à l’année précédente. En comparaison, l’Afrique du Sud enregistre en moyenne 75 homicides par jour, tous motifs confondus. « Les blancs sont victimes de crimes, comme tout le monde en Afrique du Sud, mais y a-t-il des blancs spécifiquement visés ? Absolument aucun », affirme Loren Landau, directeur de l’observatoire Xenowatch spécialisé dans les violences xénophobes.

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Cet épisode s’inscrit dans un contexte diplomatique tendu entre les deux pays. Dans le décret justifiant la suspension de l’aide américaine à Pretoria, la Maison-Blanche cite explicitement la plainte pour « génocide » contre Israël déposée par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice. Une démarche qui a profondément irrité Washington.