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Affaire P. Diddy : Le procès pour trafic sexuel du magnat du hip-hop s’est ouvert à New York

Il y a tout juste un an, il foulait le tapis rouge du Met Gala. Ce lundi, Sean « P. Diddy » Combs comparaissait devant un tribunal fédéral new-yorkais, accusé d’avoir dirigé un réseau tentaculaire d’exploitation sexuelle, de drogue et de violences derrière les apparences du show-business.

Le procès de la légende du hip-hop a entamé sa première étape avec la sélection du jury au tribunal fédéral de Manhattan. L’artiste de 54 ans est inculpé pour trafic sexuel, enlèvement, corruption, transport à des fins de prostitution et violences, dans le cadre d’une entreprise criminelle structurée, selon les termes de l’acte d’accusation. La procédure devrait durer entre huit et dix semaines, les plaidoiries étant prévues pour le 12 mai.

Des « freak-offs » aux allures de cauchemars orchestrés

Le juge Arun Subramanian a interrogé un premier groupe de jurés potentiels, leur lançant : « Allons, ne soyez pas timide », en introduction d’un questionnaire de 14 pages visant à évaluer leur objectivité dans une affaire aux ramifications complexes. A l’issue de cette première session, 19 candidats jurés ont été retenus, et de nouveaux entretiens sont prévus mardi.

Selon l’accusation, Sean Combs aurait forcé ses collaborateurs à droguer des victimes avant de les soumettre à de longs rapports sexuels avec des travailleurs du sexe. Ces scènes appelées « freak-offs » auraient parfois été filmées à leur insu. Les procureurs décrivent un système organisé, violent et humiliant, utilisant la célébrité et le pouvoir de l’accusé pour contraindre ses victimes.

La star déchue clame son innocence

Derrière les murs du centre de détention métropolitain (MDC) de Brooklyn où il est incarcéré depuis huit mois, l’ancien magnat de Bad Boy Records clame son innocence. Il a refusé un accord de plaider-coupable, dont les conditions n’ont pas été rendues publiques. Son avocat, Marc Agnifilo, parle d’un « mode de vie échangiste » et de relations sexuelles toujours consenties.

P. Diddy a été autorisé par le juge à comparaître en civil, et non en tenue de prisonnier. Lors des audiences préliminaires, l’artiste est apparu marqué par les mois de détention dans une prison décriée pour son insalubrité et ses violences.

Une onde de choc dans l’industrie musicale

Ce procès majeur intervient alors que plus d’une centaine d’accusations de violences sexuelles – émanant de femmes et d’hommes – pèsent également contre lui devant la justice civile. Parmi les témoins les plus attendus figure Cassie, chanteuse de R & B et ancienne compagne de l’accusé, dont une vidéo révélée par CNN l’an dernier montre une violente agression par Sean Combs dans un hôtel de Los Angeles, en 2016.

Notre dossier sur l’affaire P. Diddy

Pour Caroline Heldman, cofondatrice de la Sound Off Coalition, ce procès est un tournant : « J’espère qu’il incitera d’autres victimes à se manifester ». Selon elle, le monde de la musique reste l’un des rares bastions épargnés par la vague #MeToo, à l’exception notable de R. Kelly, condamné en 2022 à 30 ans de prison. « La célébrité donne un sentiment d’impunité et détruit l’empathie », poursuit Caroline Heldman, dénonçant une culture du silence profondément enracinée dans l’industrie musicale.