Affaire Jeffrey Epstein : Pourquoi la publication de « nouveaux » documents a déçu chez les supporters de Trump
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«Les documents Epstein : Phase 1 ». C’est l’inscription qu’on peut lire sur les dossiers que brandissent fièrement une poignée d’influenceurs conservateurs américains, photographiés devant la Maison-Blanche jeudi. Leurs sourires en disent long sur ce qu’ils pensent enfin tenir entre les mains : les secrets du pédocriminel Jeffrey Epstein, qui s’est donné la mort en 2019.
Après des années, ces supporters de Trump, adeptes des théories du complot, sont-ils enfin en passe de dévoiler la vérité sur cette affaire de détournement de mineurs ? Et de connaître la fameuse liste des clients du businessman ? Pas pour le moment. C’est donc la déception qui a rapidement envahi les sphères conservatrices et conspirationnistes une fois le dossier publié sur Internet. Et pour cause : la majorité des documents révélés via cette mise en scène orchestrée par l’administration Trump avait déjà été mise au jour.
Pas de nouveauté malgré une énorme attente
Après avoir été remis aux influenceurs, les documents ont donc été publiés sur le site du ministère de la Justice américaine. Les premières lignes du communiqué qui accompagne les différents dossiers PDF tempèrent d’entrée de jeu : « La première phase des dossiers déclassifiés contient en grande partie des documents qui ont déjà été divulgués mais jamais publiés officiellement par le gouvernement américain. »
Parmi les documents, on retrouve par exemple le journal de bord de l’avion d’Epstein, ou encore une liste de contacts (en grande partie caviardée), déjà parus depuis un moment, notamment dans le cadre du procès de Ghislaine Maxwell, compagne et complice d’Epstein. On y retrouve aussi une liste de masseuses, là aussi entièrement recouverte de noir, et une « liste de preuves » (qui contient notamment des objets sexuels), sans plus de contexte.
Opération déclassification pour le camp Trump
Sur les réseaux sociaux, la déception a été à la hauteur de l’attente suscitée par cette affaire qui alimente depuis des années les théories du complot. D’autant plus que Pam Bondi, procureure générale des Etats-Unis, avait annoncé la veille à l’antenne de Fox News la prochaine publication de ces documents, en précisant : « Ce que vous allez voir, demain j’espère, ce sont de nombreux carnets de vol, de nombreux noms, de nombreuses informations ». Il y a une semaine, cette dernière était allée plus loin en allant jusqu’à affirmer sur la même chaîne que la liste des clients était « actuellement sur [son] bureau ».
La révélation de la supposée « liste de clients » est un des enjeux important du nouveau mandat de Trump, dont l’administration s’est engagée à déclassifier de nombreux documents relatifs à plusieurs grandes affaires, comme l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy ou celui de Martin Luther King.
D’autres documents bientôt publiés ?
Le désarroi s’est d’ailleurs fait ressentir jusque dans le camp Trump, notamment à travers la réaction d’Anna Paulina Luna, représentante de Floride à la tête du groupe de travail sur la déclassification des secrets fédéraux. « Ni moi ni le groupe de travail n’avons reçu ou examiné les documents relatifs à Epstein qui sont publiés aujourd’hui… […]. Ce n’est pas ce que nous avons demandé, ni ce que le peuple américain a demandé, et c’est une déception totale. DONNEZ-NOUS LES INFORMATIONS QUE NOUS AVONS DEMANDÉES ! », s’est-elle indignée dans un message sur X.
Notre dossier sur l’affaire Epstein
Mais d’autres documents pourraient encore venir. Dans son communiqué, Pam Bondi affirme que le FBI en détiendrait encore un grand nombre. « Le procureur général a été informé plus tard de milliers de pages de documents liés à l’enquête et à l’inculpation d’Epstein qui n’avaient pas été divulguées auparavant. Le procureur général a demandé au FBI de remettre les documents restants au ministère avant 8 heures du matin le 28 février ». Pam Bondi a également chargé le chef du FBI, Kash Patel, de savoir « pourquoi la demande de tous les documents n’a pas été respectée. » Le délai fixé par la procureur générale est désormais dépassé, sans que l’on sache pour le moment si sa demande a été respectée.