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À Paris, bras de fer autour des poubelles

Le ministre des Transports Clément Beaune (Renaissance), qui lorgne sur la mairie de Paris, en a profité pour tacler, ce mardi, la maire socialiste Anne Hidalgo, qui “fait grève elle-même”. Il a estimé qu’elle devait prendre des mesures, comme la réquisition d’agents.

Une indignation sélective puisque la grève des éboueurs touche aussi Le Havre, ville dont le maire est l’allié de la majorité présidentielle Edouard Philippe (Horizons). D’autres villes comme Rennes, Nantes, Antibes et Saint-Brieuc sont encore aujourd’hui concernées.

Face aux critiques, le premier adjoint au maire de Paris Emmanuel Grégoire (PS) a expliqué que la Ville gérait au mieux “cette situation catastrophique créée par l’État” et procédait à des interventions d’urgence. En 10 jours, sur les 30 000 tonnes de déchets déposées dans les rues, “23 000 tonnes ont été ramassées, c’est beaucoup plus qu’un service minimum”.

Emmanuel Grégoire a ajouté que la mairie n’irait pas “contre l’exercice du droit de grève, dès lors qu’il n’y a pas de mise en danger de la vie d’autrui et de la salubrité publique”, avant de s’interroger : “Est-ce que le gouvernement demande à Édouard Philippe de réquisitionner ses agents municipaux qui sont en grève ?”

Le ministre de l’Intérieur entre dans le bal réquisition

La réponse est tombée mardi soir : non, pas pour Le Havre, mais pour Paris, oui. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin (Renaissance) a demandé au préfet de police Laurent Nuñez, son ancien secrétaire d’État à l’Intérieur, de transmettre à la mairie une demande pour “réquisitionner” des moyens afin de collecter les poubelles. Si elle s’y refuse, “l’État se substituera”.

Trois cents militants syndicaux ont déjà commencé le travail puisqu’ils ont, avant la réaction de Gérald Darmanin, ramassé et amené des poubelles au siège du parti présidentiel à Paris.

Ce mercredi, alors que Laurent Nuñez a enjoint à la mairie de prendre des mesures “adaptées et fortes”, Anne Hidalgo a affirmé ne pas avoir le pouvoir de réquisitionner les éboueurs en grève. Elle a aussi appelé le gouvernement “au dialogue social, à la négociation plutôt qu’à l’épreuve de force”. “Paris continuera d’assurer les urgences de collecte des déchets et de salubrité, dans le respect du droit de grève”, a quant à lui assuré Emmanuel Grégoire.

Le bras de fer entre le gouvernement et la mairie de Paris va donc se poursuivre. Les éboueurs et agents de propreté de la Ville ont d’ailleurs voté la reconduction de la grève, au moins jusqu’au 20 mars.