Xpeng en Chine : une expérience de science-fiction devenue réalité.
Xpeng a présenté le robot humanoïde IRON de deuxième génération, qui possède 82 degrés de liberté (DoF) dans tout le corps. Le produit phare d’ARIDGE, le “Land Aircraft Carrier”, a dépassé les 7 000 commandes, principalement en Chine et aux Émirats arabes unis.

Après avoir exploré le nouveau modèle d’intelligence artificielle VLA 2.0 et les robotaxis lors de la première partie du Xpeng AI Day, nous abordons maintenant des projets futuristes du constructeur : les robots humanoïdes de deuxième génération IRON et les voitures volantes ARIDGE.
IRON Next-Gen : le robot humanoïde qui brouille les frontières
Le robot le plus humain de l’industrie
Xpeng s’illustre avec son robot IRON de deuxième génération, présenté comme le robot humanoïde le plus avancé et réaliste du secteur.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 82 degrés de liberté (DoF) dans tout le corps, une colonne vertébrale humanoïde, des muscles bioniques, une peau synthétique souple, un écran 3D incurvé monté sur la tête, des épaules dynamiques bioniques, et surtout, des mains dotées de 22 degrés de liberté qui peuvent imiter certains gestes humains.

Le nombre de DoFs d’un corps humain est généralement estimé à environ 244, en tenant compte de toutes les articulations et mouvements possibles (doigts, orteils, colonne vertébrale, etc.). Un bras humain possède 7 DoF, tandis qu’une simple charnière en a un seul.
Avec ses 82 DoF, l’IRON Next-Gen présente une complexité qui lui permet de reproduire avec précision les mouvements humains. J’ai été particulièrement impressionné lors de ma visite du nouveau campus, lorsque le robot IRON est venu nous faire une visite guidée du musée. Bien que ses mouvements restent parfois saccadés, notamment lors de la marche prolongée, les gestes des bras et des doigts deviennent réalistes.

Bien que le corps humain possède davantage de DoFs que le Xpeng IRON, les robots comme le Xpeng IRON se concentrent sur les articulations essentielles liées à la locomotion et à la manipulation, sacrifiant ainsi certains mouvements fins. Plus un robot dispose de DoFs, plus sa gestion devient complexe; les équipes de développement doivent donc trouver un juste équilibre entre mobilité et stabilité.
Un design “né de l’intérieur”
Contrairement à la plupart des robots humanoïdes, le design de l’IRON Gen2 est basé sur une approche “born from within” (né de l’intérieur). Il possède une colonne vertébrale humanoïde, des muscles bioniques et une peau flexible qui le recouvre entièrement, avec la possibilité de personnaliser différentes morphologies. Une approche distincte de celle du robot Tesla Optimus.

Lors de la conférence de presse, le robot IRON a fait sensation avec son apparence réaliste et sa démarche fluide. Tellement réaliste que de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux imaginaient un être humain sous son apparence. Les équipes du département robotique de Xpeng visent à créer des robots capables d’apprendre des mouvements humains pour mieux nous assister, notamment dans des tâches ménagères ou d’autres applications domestiques.
Conception multicouche et capteurs tactiles
Le design de l’IRON est constitué de plusieurs couches : un squelette, des muscles, puis enfin une peau synthétique artificielle. Différents modèles peuvent être envisagés, avec des morphologies masculines ou féminines, des physiques athlétiques ou élancés.
Les mensurations de l’IRON Next-Gen sont de 65 kg pour 173 cm, ce qui le rapproche d’un humain moyen. Cependant, le choix entre morphologie masculine ou féminine soulève déjà des débats, car il peut être difficile de satisfaire tout le monde sur ce point.

En robotique, les capteurs sont des dispositifs qui détectent certaines propriétés physiques (position, vitesse, force, proximité) et fournissent des données pour contrôler les mouvements et interactions du robot. Les types courants incluent : des encodeurs, lidar, capteurs de couple, capteurs de vision et unités de mesure inertielle (IMU) pour suivre l’orientation et l’accélération.
La colonne vertébrale bionique et le corps flexible de l’IRON intègrent des capteurs tactiles tissés dans la peau synthétique, permettant ainsi au robot de percevoir son environnement et d’interagir de manière plus naturelle. Il reste, à mon avis, beaucoup à améliorer dans ce domaine pour optimiser la perception des robots et leurs capacités prédictives.
Une puissance de calcul colossale
En termes d’intelligence, le robot est équipé de 3 puces Turing AI offrant une puissance de calcul effective de 2250 TOPS. C’est la même que celle intégrée dans la X9 Power Ultra. L’IRON Next-Gen est également le premier robot à disposer du modèle de langage pour le monde physique de première génération de Xpeng.

Le modèle VLT (Vision-Language-Task) est un tout nouveau modèle spécialement développé pour les robots, considéré comme le moteur central permettant aux robots d’agir de manière autonome, de réfléchir en profondeur et de prendre des décisions indépendantes.
“L’anthropomorphisme extrême” comme philosophie
Durant les cinq dernières années, la « forme » et « l’intelligence » des robots ont connu une évolution rapide, illustrée par le parcours R&D et les différentes générations de produits développées par l’équipe Robotics de Xpeng. La question de l’apparence humaine des robots suscite des débats dans l’industrie. La réponse de Xpeng est sans équivoque : “l’anthropomorphisme extrême”, c’est-à-dire imiter l’être humain.
Pourquoi cette orientation ? Car lorsque les robots humanoïdes atteignent ce niveau d’anthropomorphisme, plusieurs problématiques majeures deviennent plus simples à solutionner : commercialisation simplifiée, meilleure généralisation et acquisition facilitée de données d’entraînement. Ces données d’entraînement sont cruciales pour tester ces robots en masse.
Batterie à semi-conducteurs : autonomie et sécurité
L’IRON Next-Gen est le premier robot de l’industrie à intégrer une batterie solide (solid-state battery), offrant une meilleure densité énergétique et une sécurité optimale. Le robot est équipé d’une batterie de 2 kWh pour alimenter toute sa mécanique ainsi que les 3 puces Turing.

Il sera intéressant d’évaluer l’autonomie réelle de ce robot en situation d’utilisation concrète. L’efficacité énergétique d’un robot humanoïde est encore bien inférieure à celle d’un être humain, considéré comme la référence idéale, surtout en termes de consommation d’énergie. Pour le moment, aucun design spécifique d’optimisation énergétique n’a été intégré dans l’IRON.
ARIDGE : Xpeng s’envole vers la mobilité aérienne
Passons désormais aux drones et voitures volantes. Xpeng ARIDGE (anciennement AeroHT) développe deux systèmes de vol pour des déplacements à basse altitude : le “Land Aircraft Carrier” (porte-avions terrestre) pour des vols individuels de courte distance et à des fins récréatives, et le “A868”, une voiture volante hybride à rotors basculants pour des trajets multi-passagers à moyenne distance. Xpeng propose ici sa vision d’une mobilité aérienne “tridimensionnelle” à basse altitude.

Land Aircraft Carrier : à l’aube de la production de masse
Le produit phare d’ARIDGE, le “Land Aircraft Carrier”, a officiellement franchi le cap de la phase précédant la production de masse, avec des commandes atteignant déjà plus de 7 000 unités. Les clients proviennent principalement de Chine, mais aussi des Émirats arabes unis.

Cependant, les clients ayant passé commande ne savent pas encore quand ils recevront leur produit. La première étape consistera à ouvrir des simulateurs pour permettre aux clients de s’entraîner et d’obtenir une certification après quelques week-ends de formation. La partie principale de la formation portera sur les règles de sécurité et les réglementations liées à l’utilisation d’un véhicule volant, plutôt que sur son contrôle physique.
Le principal objectif de ce premier véhicule volant est de rendre son apprentissage accessible aux novices grâce à un système de contrôle à un seul manche. D’après ma brève expérience dans les jeux vidéo, un levier supplémentaire pour contrôler l’altitude semble nécessaire, le manche permettant alors d’accélérer/reculer et d’influer sur la rotation, donc de tourner.

Concernant la sécurité, Xpeng tente de rassurer en mettant en avant un dispositif avec redondance couvrant les systèmes majeurs comme la propulsion électrique, l’alimentation haute et basse tension, la navigation de contrôle de vol, l’opération de vol et la communication. L’innovation principale réside dans la configuration à six axes, six hélices et double conduit, permettant de pallier une éventuelle défaillance de deux rotors diagonaux.

A868 : l’ambition du long-courrier
Le A868, présenté pour la première fois lors de cet AI Day, adopte une configuration à rotors basculants complets et pourrait atteindre une autonomie de 500 km, avec une vitesse de croisière maximale attendue de 360 km/h.

Sa cabine de 6 places serait particulièrement adaptée aux besoins des voyages d’affaires en milieu urbain. Le projet est actuellement en développement.
Une nouvelle usine de production
Concernant la production, l’usine de voitures volantes ARIDGE a débuté sa production d’essai le 3 novembre et a réussi à assembler le premier Land Aircraft Carrier. Nous avons pu entrevoir cette usine lors de notre visite des chaînes d’assemblage de Xpeng, mais les bâtiments restent encore inaccessibles au public.
Le regroupement de la production automobile et aéronautique semble judicieux pour identifier des synergies entre les deux domaines, et ainsi améliorer l’efficacité et la qualité des normes et des outils de production.

La capacité de production annuelle initiale est de 5 000 unités, avec un objectif d’atteindre 10 000 unités par an. Xpeng espère accélérer la production de masse du Land Aircraft Carrier d’ici 2026, mais cela dépendra également des licences et autres permis à obtenir du gouvernement chinois, qui encourage le développement des voitures volantes tout en souhaitant réguler leur croissance.
Des cas d’usage pensés pour le tourisme
À la surprise de certains, ces véhicules ne sont pas d’abord destinés aux villes, mais plutôt à des environnements naturels et au tourisme, permettant ainsi de conduire un véhicule volant depuis un endroit éloigné pour découvrir de nouveaux lieux. Cela évite les défis logistiques du transport d’hélicoptères en milieu urbain.
Selon l’équipe d’ARIDGE, difficultés d’un vol entre villespersistent, nécessitant des permis et autorisations de multiples municipalités qui peuvent arriver à des moments différents, ce qui peut entraîner un manque de coordination avec la fenêtre de vol idéale.

Cela représente une opportunité pour certaines municipalités éloignées de développer un nouveau tourisme. Par exemple, le gouvernement municipal de Dunhuang (Nord-Ouest de la Chine) lancera, d’ici mi-2026, la première route touristique aérienne autonome de Chine, créant ainsi une nouvelle expérience de voyage et capitalisant sur le potentiel des voitures volantes dans le secteur culturel.
En conclusion
Depuis sa création il y a plus d’une décennie, Xpeng a demeuré fidèle à son ambition initiale : “la technologie change le monde.” Le nouveau siège social représente un nouveau départ. Entre science-fiction et réalité commerciale, Xpeng esquisse sa vision d’un écosystème d’intelligence incarnée qui va bien au-delà de l’automobile. Le Xpeng Science Park sera le cœur des recherches sur de nombreux domaines : IA, automobile, robotique et voitures volantes.

L’innovation technologique interdisciplinaire, inter-domaines et inter-industries se produit chaque jour. Les nouvelles idées, technologies et applications interagissent et s’inspirent mutuellement, créant ainsi “l’émergence” propre à Xpeng. Cette dynamique vise les étoiles, et l’avenir de l’IA physique commence maintenant.
Avec ces robots humanoïdes ultra-réalistes et ces voitures volantes en cours de certification, Xpeng nous projette dans un futur où la mobilité dépasse les frontières terrestres. Reste à savoir si le public sera prêt à embrasser cette vision audacieuse dans quelques années.
Il est important de noter que Xpeng n’est pas seul sur ce marché. Des acteurs comme Tesla, ainsi que de nombreuses entreprises locales telles qu’Unitree, sont également en concurrence.

