Vélos, trottinettes… Cette nouvelle réglementation à côté de laquelle vous avez forcément dû passer
Si l’on regarde dans le rétro, c’est une info qui est passée inaperçue au moment des fêtes de fin d’année 2024. La législation sur l’éclairage des vélos a changé. Modifiant le Code de la route, et statuant une bonne fois pour toutes sur une forme d’anarchie en la matière (notamment depuis l’explosion de la pratique du vélo en France, suite au Covid-19), son décret d’application* suppose désormais que l’on s’y conforme, à moins de s’exposer à une amende.
20 Minutes monte en selle et fait le point sur la question.
Des infos passées inaperçues
C’est paru au Journal officiel*. Il est donc obligatoire de s’y conformer. « Les gens ne sont pas au courant, c’est un sujet qui n’a pas été très suivi, sinon par les professionnels. Il n’y a pas beaucoup d’informations là-dessus », déplore Quentin Xavier, le jeune patron d’Urban Circus, spécialiste des équipements pour la mobilité urbaine. « Pour les fabricants, cette modification reste très positive, car elle encadre les choses », se félicite de son côté Benoît Jeanniard, responsable marketing français pour la marque de vélos Winora.
La législation sur l’éclairage des vélos désormais en vigueur impose donc de nouvelles règles auxquelles tout cycliste doit se conformer. Et pour Xavier Quentin, ce sont des évolutions « qui vont dans le sens d’une sécurité renforcée ».
On ne clignote plus à l’arrière !
La première de ces règles rappelle, évidemment, qu’en cas de visibilité réduite, tout utilisateur de vélo, ainsi que d’engin de déplacement personnel motorisé (EDPM) doit être équipé et activer son système d’éclairage. Note pour la suite de la lecture de cet article : ce qui s’applique pour les vélos, s’applique également aux trottinettes électriques !
Mais la principale nouveauté concerne… le feu arrière. Celui-ci ne peut définitivement plus être clignotant. Fini ! Vous pensiez qu’avec un tel dispositif, les véhicules vous suivant vous voyaient mieux ? La loi en a décidé autrement. « Cela va quand même permettre d’homogénéiser le paysage urbain, d’avoir des systèmes qui fonctionnent tous de la même manière », note Bastien Gouttegatat, ingénieur conformité auprès d’Accell Group (qui exploite les marques de vélos Babboe, Batavus, Haibike, Lapierre, Raleigh, et Winora).
De leur côté, la plupart des systèmes d’éclairage arrières amovibles, qui ne sont pas fournis en première monte, proposent généralement en plus d’un mode clignotant, un mode fixe. Pas forcément besoin de se rééquiper.
Attention cependant, la lumière installée à l’arrière du vélo doit être de couleur rouge et « nettement visible à l’arrière lorsque le véhicule est monté », dixit la loi. Elle peut être épaulée et renforcée par un feu Stop, mais aussi par des clignotants (eux, de couleur orange) pour indiquer ses changements de directions. Ce qui peut impliquer des concepts d’éclairage nouveaux chez les fabricants de vélos. « Les premiers feus Stop arrivent sur nos gammes 2025. Pour ce qui est des clignotants, il faut d’abord travailler avec les régulateurs des autres pays européens », précise Bastien Gouttegatat.
Jaune ou blanc avant, rouge fixe arrière
En attendant, ces dispositifs peuvent être directement embarqués sur le cycliste. Cela fait aussi partie des nouvelles dispositions de la loi. Ainsi, l’utilisation de casques de protection ou de vestes et gilets incorporant des Led est-elle officiellement autorisée. Pour peu qu’elle respecte le principe d’un éclairage jaune ou blanc avant, et rouge fixe arrière. Contrevenir à ces règles d’éclairage vous expose à une amende finalement très peu contraignante de… 11 euros !
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Parallèlement, l’éclairage avant de votre monture doit également être fixe et émettre « une lumière non éblouissante, jaune ou blanche ». Un feu avant supplémentaire (mais facultatif) remplissant les mêmes critères est autorisé. Et petite subtilité, rappelle Benoît Jeanniard de Winora : « la loi ne permet plus les signatures lumineuses des constructeurs à l’avant ». Ce qui risque de changer le design de certains vélos. Se pose aussi la question des VTT qui, traditionnellement ne disposent pas d’éclairage. L’équipement doit néanmoins être fourni à l’acquéreur lors de son achat.
Téméraire en zone périurbaine
Attention ! Si vous habitez en zone périurbaine, nous ne saurions trop vous conseiller d’opter pour un éclairage ayant une longue portée, à même de vous « ouvrir » la voie avec une parfaite visibilité sur les éventuels défauts de la chaussée. « Ce sont des endroits où il faut être téméraire. La plupart des accidents graves se situent en zone périurbaine », note Quentin Xavier, d’Urban Circus.
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C’est justement en zone périurbaine, hors des centres-villes, que les cyclistes, mais aussi leurs passagers, doivent aujourd’hui porter un gilet haute visibilité.
Notre dossier «Vélo électrique»
Le ministère de l’intérieur précise que « le port de ce gilet est également fortement recommandé de jour, ainsi qu’en agglomération ». Selon l’Observatoire national interministériel de la Sécurité routière, 60 % des accidents cyclistes présentent un facteur de visibilité.
Réfléchissant ou fluorescent ?
Pour s’en prémunir, cohabitent en la matière deux types de vêtements : les réfléchissants et les fluorescents. « Tout le monde reconnaît l’intérêt du réfléchissant, avec une visibilité jusqu’à 300 mètres de nuit, contre 30 mètres pour des vêtements sombres. Par contre, les fluorescents, qui consistent en des couleurs qui renvoient plus rapidement la lumière et qui améliorent la visibilité de jour et jusqu’à la nuit (en réagissant plus fortement aux UV) restent assez mal acceptés et adoptés », constate le président d’Urban Circus. Sa société développe en conséquence des tenues plus adaptées aux attentes du public en termes de look, avec des vestes, gilets… qui mêlent fluorescent et réfléchissant « sans que l’on ne se sente habillé avec un gilet jaune ». Pourtant, selon lui, le sujet ne devrait même pas exister : « C’est la différence entre la vie et la mort ! »
Petit rappel enfin, même si cela n’est pas nouveau : l’utilisation d’écouteurs ou d’un casque audio sur un vélo (ou une trottinette) lorsque l’on roule est strictement interdite (depuis le 1er juillet 2015). Le non-respect de cette règle est passible, lui, d’une amende de 90 euros.
* Journal officiel du 27 novembre 2024. Décret n°2024-1074.