« Un patron chinois critique les voitures électriques à moteur essence en Europe »
Shen Fei, le patron d’Onvo, a qualifié les véhicules à prolongateur d’autonomie équipés de grosses batteries de « gaspillage de ressources ». Environ 40 % des propriétaires du L90, pourtant équipé d’office d’une batterie de 85 kWh, choisissent de rétrograder vers la version de 60 kWh.

1 000, 1 500, voire même 1 700 km d’autonomie. C’est ce qui se passe depuis quelques mois en Chine avec l’émergence des voitures à prolongateur d’autonomie, qui utilisent un moteur thermique pour recharger la batterie électrique, qui à son tour alimente un moteur électrique pour propulser le véhicule.
Dans ce cas, le moteur thermique ne fait pas tourner les roues, il fonctionne simplement comme un générateur. Cependant, ces technologies suscitent des critiques, notamment de la part de Shen Fei, le responsable de la jeune marque chinoise Onvo, filiale de Nio.
Lors d’un entretien avec la presse chinoise, il a décrit les véhicules à prolongateur d’autonomie dotés de grosses batteries comme un « gaspillage de ressources ». Son argument repose sur une observation pragmatique : à mesure que les infrastructures de recharge se développent en Chine, ces grandes capacités de batteries perdent leur pertinence. En d’autres termes, il n’est plus nécessaire de rassurer le consommateur avec une autonomie comparable à celle des meilleures berlines diesel, étant donné que le réseau de recharge est désormais bien établi.
Le dirigeant souligne que ces énormes batteries provoquent « une double pénalité ». D’une part, elles occupent de l’espace à l’intérieur des voitures ; d’autre part, elles augmentent le coût pour les fabricants et les consommateurs.
Le marché prend une direction opposée
Paradoxalement, les concurrents d’Onvo semblent suivre une tendance opposée. Ces derniers mois, plusieurs fabricants chinois ont multiplié les annonces impressionnantes. Leapmotor a présenté en octobre dernier son SUV D19, qui affiche une batterie de 80 kWh, un record pour un EREV sur le marché chinois. Xpeng a suivi en novembre avec son X9 EREV et sa batterie de 63,3 kWh.
En Europe, on observe aussi l’arrivée de voitures à prolongateurs d’autonomie, comme la Leapmotor C10 REEV ou la future Xpeng X9.

En réaction à cette compétition sur la capacité, Onvo constate un phénomène révélateur parmi sa clientèle. Environ 40 % des propriétaires du L90, qui est vendu avec une batterie de 85 kWh de série, choisissent de passer à la version de 60 kWh.
Cette option leur permet d’économiser près de 510 dollars (environ 440 euros) par an sur la location de la batterie. Un choix qui souligne les priorités réelles des automobilistes chinois, qui ne ressentent plus l’angoisse de l’autonomie grâce à l’extension massive des stations de recharge.
L’échange de batteries comme solution d’avenir ?
De plus, Onvo y voit un intérêt économique. En effet, pour affirmer son modèle économique, Onvo se concentre sur l’échange de batteries, ces stations permettant de « faire le plein » en moins de 3 minutes en remplaçant la batterie vide par une pleine.
La marque a d’ailleurs récemment annoncé le déploiement de 8 000 nouvelles batteries dans ses stations d’échange, qui seront opérationnelles d’ici mi-janvier 2026.

Ces batteries ne sont pas uniquement destinées aux véhicules : elles génèrent également des revenus en offrant des services au réseau électrique.
En Europe, l’impact de cette stratégie n’est pas encore visible, puisque Nio n’a ouvert qu’une soixantaine de ces stations, dont l’une a d’ailleurs fermé cette année au Danemark, en raison d’un manque de clients. Néanmoins, il est à espérer qu’Onvo réussira mieux avec des modèles moins coûteux. La marque devrait d’ailleurs arriver en France en 2026, selon les dernières informations, mais compte tenu de la situation actuelle du marché, Onvo pourrait suivre la même tendance que d’autres constructeurs et retarder son arrivée à la fin de la décennie.

