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« Très bon » : Air France ne peut pas se passer d’Elon Musk

Elon Musk a posté « Très bon » sur X pour féliciter Air France, ce qui a provoqué une polémique autour de la décision de la compagnie d’offrir du Wi-Fi gratuit et rapide à tous ses passagers Flying Blue. Actuellement, 30 % de la flotte Air France est équipée de Starlink, et d’ici l’été 2025, ce sera la majorité des long-courriers.

Elon Musk tweete en français « Très bon », c’est l’événement marquant de la semaine. Air France déploie le Wi-Fi Starlink à bord de ses avions, suscitant une vive réaction de la classe politique au regard de la souveraineté nationale. Quelle est la réalité ? Air France n’avait pas vraiment d’autre choix.
Source : Frandroid

Elon Musk s’exprime en français. Son tweet « Très bon », destiné à féliciter Air France, a circulé sur Internet. Cependant, derrière cette apparente satisfaction du dirigeant de SpaceX, une controverse franco-française s’est intensifiée.

De manière commerciale, Air France a décidé d’offrir du Wi-Fi gratuit et performant à tous ses passagers Flying Blue. En revanche, des politiciens et des souverainistes dénoncent cette décision, accusant la compagnie nationale de négliger des solutions européennes telles qu’Eutelsat.

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La réalité est plus amère pour notre fierté européenne. Air France se trouve au cœur d’une tempête politique alors qu’elle a pris la seule décision rationnelle pour ne pas être dépassée par Qatar Airways ou Delta. Starlink n’est pas simplement une option, c’est la seule solution viable d’ici la fin de l’année 2025.

Pourquoi Starlink surpasse les alternatives

Comparer l’actuelle offre de Starlink avec celles des fournisseurs historiques du satellite, c’est comme opposer la fibre optique à l’ADSL d’un milieu rural.

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Le secret réside dans l’altitude. Les concurrents historiques (tels que Viasat ou les anciennes offres d’Eutelsat) fonctionnent grâce à des satellites géostationnaires (GEO). Ceux-ci sont positionnés à 36 000 km de la Terre. Le signal subit un aller-retour. La latence (le « ping ») s’avère désastreuse, dépassant souvent les 600 ms. Cela complique le passage d’un appel sur WhatsApp, le visionnage de films sur Netflix ou les jeux en ligne. C’est suffisant pour de simples navigations web.

Starlink, quant à lui, opère en orbite basse (LEO). Ses 7 600 satellites (cette donnée est valable fin 2025) tournent autour de la Terre à environ 550-600 km. La physique est simple : le signal met 60 fois moins de temps à atteindre sa destination.

Concrètement ? Avec Starlink, l’ensemble de l’avion peut diffuser en streaming simultanément. Avec les anciennes technologies, il était difficile de recevoir un e-mail. Air France ne pouvait se permettre d’offrir une expérience dégradée face à des concurrents américains et du Golfe déjà équipés.

Le débat sur l’alternative européenne

La polémique devient gênante à ce moment. Les critiques soutiennent qu’Air France aurait dû opter pour Eutelsat OneWeb ou attendre le lancement de la constellation européenne IRIS².

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Certes, OneWeb est bien une constellation en orbite basse (LEO). Cependant, elle a été conçue pour le B2B, offrant une capacité totale bien inférieure à celle de SpaceX, et ses terminaux sont généralement plus coûteux et complexes à intégrer sur des avions existants. Eutelsat, qui a fusionné avec OneWeb, propose des solutions hybrides (GEO + LEO), mais l’expérience utilisateur est encore loin de la simplicité du « plug & play » de Starlink.

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Quant à IRIS², le projet de constellation souveraine de l’UE ? Il n’en reste qu’à l’état de projet. Son déploiement n’aura pas d’impact significatif avant 2030. Air France doit équiper ses avions dès maintenant. Demander à une entreprise privée, dont l’État français ne détient que 28 % d’Air France-KLM, d’attendre 5 ans pour des raisons de « patriotisme », alors que ses clients se tournent vers la concurrence, équivaut à un suicide commercial.

Les données : un point sensible

Si la critique technique est infondée, celle portant sur les données est valide. En faisant transiter tout le trafic de ses passagers par des satellites américains et des stations au sol contrôlées par une entreprise américaine, Air France expose théoriquement ses données au Cloud Act des États-Unis.

Elon Musk peut-il lire vos e-mails ? Non, le trafic est chiffré (HTTPS). Les métadonnées pourraient-elles intéresser la NSA ? Probablement. Elon Musk pourrait-il couper l’accès si la France contrarie Trump ? Cela représente le risque de cette dépendance, comme il l’a déjà montré en Ukraine.

C’est le prix à payer pour avoir laissé filer une avancée technologique il y a dix ans. On ne construit pas une souveraineté en contraignant nos champions nationaux à recourir à des produits inférieurs. On le fait en investissant massivement pour développer des produits compétitifs.

L’intégration de Starlink chez Air France est déjà en cours : 30 % de la flotte d’Air France est équipée. D’ici l’été 2025, cette proportion devrait concerner la majorité des vols long-courrier. Pour le passager, c’est une excellente nouvelle : le Wi-Fi devient gratuit (il suffit de s’inscrire à Flying Blue), rapide et stable.