Transformer les excréments en embryons pourrait sauver des animaux de l’extinction

Les bélugas, les panthères de neige, les pandas géants… Plusieurs dizaines de milliers d’espèces à travers le monde sont menacées d’extinction en raison de la destruction de leur habitat, du braconnage ou du dérèglement climatique. Comme le rapportent The Guardian et CNN, une équipe de chercheurs, notamment issus de l’université britannique d’Oxford (Angleterre), étudie actuellement une piste peu banale pour tenter de les préserver : transformer leurs excréments en progénitures.
Riches en bactéries et en bile, les excréments contiennent en effet des cellules provenant de la paroi des intestins des animaux. Lorsque les déjections sont encore fraîches, elles comprennent parfois des cellules encore vivantes, qui pourraient aider à stimuler la diversité génétique des espèces en question. D’un côté, l’ADN des cellules peut être analysé pour aider les scientifiques à comprendre les variations génétiques de certaines populations et ainsi élaborer différentes stratégies de conservation.
Un clonage de l’animal
Un débouché, bien plus ambitieux, est également étudié : utiliser ces cellules pour créer des animaux à part entière, à l’aide de technologies de reproduction assistée de pointe, à l’image du clonage. Dans ce dernier cas, le noyau d’une cellule serait inséré dans un ovule de donneur, puis l’embryon récupéré serait implanté dans une mère porteuse dans le but de créer un « jumeau génétique » de l’animal original.
Enfin, les chercheurs estiment qu’il est également envisageable de reprogrammer ces cellules vivantes contenues dans les excréments afin de les transformer en spermatozoïdes et en ovules. Elles pourraient alors être utilisées dans des techniques de type fécondation in vitro. Une piste qui éviterait de devoir planifier la reproduction de deux individus d’une même espèce menacée, comme le font aujourd’hui de nombreux zoos à travers le monde.
Les limites du technosolutionnisme
Si cette initiative suscite un grand enthousiasme, les premiers résultats sont encore précoces et les scientifiques reconnaissent eux-mêmes que de nombreux défis devront être surmontés. Parmi eux, le volume considérable d’excréments à récolter et à débarrasser de leurs bactéries.
Par ailleurs, certains spécialistes de la biodiversité estiment que les nouvelles technologies ne suffiront pas à résoudre tous les problèmes liés aux disparitions d’espèces. « S’attaquer aux principaux facteurs du déclin de la biodiversité […] tout en soutenant les efforts de conservation à grande échelle qui permettent la protection et la récupération de la nature, doit être notre objectif principal si nous voulons nous attaquer à la crise de la biodiversité », a déclaré Paul De Ornellas, conseiller en chef pour les sciences de la faune sauvage au WWF UK.