TikTok : Trump reporte encore l’échéance… ByteDance évoque des « questions clefs » à régler

Donald Trump joue la montre dans le dossier TikTok. A 48 heures de l’échéance prévue, le président américain a annoncé vendredi un nouveau report de 75 jours pour la cession des activités américaines du réseau social, repoussant ainsi la date limite au 19 juin. A l’origine de cette décision, des « questions clefs » restent à résoudre, selon la maison mère ByteDance, qui a confirmé l’existence de discussions, tout en soulignant qu’« toute transaction devrait être approuvée en conformité avec la loi chinoise ».
Cette extension intervient alors qu’une loi votée en 2024 impose à ByteDance de se séparer de TikTok sous peine d’interdiction aux Etats-Unis. Le texte vise à empêcher les autorités chinoises d’accéder aux données des utilisateurs américains ou d’influencer leur opinion via l’algorithme du réseau.
« Impatients de travailler avec TikTok et la Chine »
Officiellement, l’administration américaine reste confiante. « Nous sommes impatients de travailler avec TikTok et la Chine pour finaliser cette opération », a assuré Donald Trump sur Truth Social, affirmant que l’accord nécessite encore « davantage de travail » pour être bouclé. Son vice-président, J.D. Vance, avait affirmé quelques jours plus tôt qu’un accord final serait conclu avant le 5 avril.
Mais le climat s’est tendu avec la montée d’un nouveau front commercial. Washington a imposé une taxe additionnelle de 34 % sur les produits chinois, s’ajoutant aux 20 % déjà en vigueur, portant les droits de douane à un total de 54 %. Pékin a immédiatement répliqué avec une taxe équivalente sur les produits américains, effective dès le 10 avril.
Un report qui maintient TikTok en vie
Pour Jeremy Goldman, analyste chez Emarketer, le report « permet de maintenir TikTok en vie et d’accréditer l’idée que les droits de douane font leur effet », encourageant Pékin à négocier. Et d’ajouter : « Donald Trump peut continuer à utiliser TikTok comme une monnaie d’échange dans sa saga géopolitique avec la Chine. »
Depuis la campagne présidentielle, Donald Trump a changé de ton vis-à-vis de l’application qu’il avait tenté de bannir en 2020. « Nous ne voulons pas que TikTok disparaisse », affirme aujourd’hui le président des Etats-Unis, désormais soucieux de se poser en sauveur du réseau social, fort de 170 millions d’utilisateurs dans le pays.
Beaucoup de monde sur les rangs
Selon plusieurs médias américains, le scénario privilégié serait une scission de TikTok d’avec ByteDance. Les actionnaires actuels recevraient des parts dans une nouvelle entité, ce qui permettrait de diluer le contrôle chinois. ByteDance affirme que 60 % de son capital est déjà détenu par des investisseurs non chinois, ce qui pourrait satisfaire les exigences du Congrès sans passer par une revente formelle.
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Divers prétendants restent cependant à l’affût. Parmi eux : le « Project Liberty » de Frank McCourt (propriétaire de l’OM), le youtubeur MrBeast, ou encore la startup Perplexity AI. Des géants comme Amazon et Walmart, qui avaient déjà tenté leur chance en 2020, ont également refait surface. Des acteurs comme Oracle – qui héberge déjà les serveurs de TikTok aux Etats-Unis – ou Blackstone, pourraient aussi entrer au capital. Selon le New York Times, une licence pourrait être accordée à la nouvelle entité pour l’utiliser, sans transfert de propriété.