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Test du Vespera Pro de Vaonis : peut-il offrir les meilleures images nocturnes ?

Le Vespera Pro est vendu à 2 790 euros, ce qui représente environ 1 000 euros de plus que le Vespera II. La batterie du Vespera Pro offre une autonomie de 11 heures, tandis que le Vespera II ne pouvait tenir qu’un peu plus de 3 heures.

Les télescopes connectés se multiplient sur le marché, mais Vaonis se distingue avec sa gamme Vespera, offrant des résultats semblables à ceux de l’astrophotographie traditionnelle. La version Pro promet une qualité d’image supérieure, une autonomie accrue, mais à un prix plus élevé. Qu’en est-il vraiment ?
Le Vespera Pro pointé vers le Soleil, avec un chat en premier plan // Source : Romain RIBOUT pour Frandroid.

L’an passé, j’ai testé le Vespera II de Vaonis. Ce télescope connecté, différent des autres, m’a agréablement surpris par sa compacité et sa qualité d’image remarquable. Les objets du ciel profond apparaissaient d’une netteté impressionnante à chaque cliché, mon seul regret étant une autonomie insuffisante pour une nuit entière d’observation.

Avec le Vespera Pro, la marque française annonce un meilleur capteur photo et la possibilité de photographier le ciel du crépuscule à l’aube sans interruptions. J’ai donc replongé dans l’observation des plus belles nébuleuses et galaxies, impatient de comparer cette version avec le modèle précédent ainsi qu’avec ses concurrents.

Un modèle discrètement plus premium

En comparant le Vespera II et le Vespera Pro, les différences esthétiques sont quasiment inexistantes. Leur coque est identique, blanche, avec des dimensions de 40 x 20 x 9 cm et un poids de 5 kg, seule l’étiquette du produit change. La version Pro se distingue lorsqu’elle est allumée, avec une lueur rouge autour du bouton tactile d’allumage au lieu de bleu. Il est donc rassurant que le modèle conserve le même design compact que son prédécesseur, qui est très pratique.

Cependant, le Vespera Pro affiche un aspect davantage haut de gamme, notamment avec la mallette dans laquelle il est livré. Cela permet de le ranger après chaque usage, portant également de nombreux accessoires de base, contrairement au Vespera II. Vous y trouverez un petit trépied réglable, une platine de niveau à bulle et un système de sécurité avec un cadenas à clés.

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La mallette du Vespera Pro avec ses accessoires // Source : Romain RIBOUT pour Frandroid.

La marque m’a également envoyé un sac de transport et trois filtres : solaire, anti-pollution et à double bande. Ces filtres, identiques à ceux testés avec le Vespera II, sont compatibles avec les deux modèles. Le filtre double bande est essentiel pour mettre en valeur les détails de la nébuleuse ciblée, et j’y reviendrai plus tard.

La véritable nouveauté avec le Vespera Pro réside dans son capteur photo. Il est muni d’un Sony IMX676 Starvis 2 de 50 mégapixels, contre 24 mégapixels pour le Sony IMX585 du Vespera II. La taille des pixels a également évolué, passant de 2,9 à 2,0 μm, promettant ainsi une meilleure netteté d’image. Le format des photos a changé : alors que le Vespera II prenait des images au format paysage à 3 840 x 2 160 pixels (8,3 mégapixels), le Vespera Pro réalise des clichés carrés de 3 536 x 3 536 pixels (12,5 mégapixels).

Concrètement, les objets célestes sont mieux cadrés et sublimés. Je me souviens d’une photo de la Galaxie d’Andromède réalisée avec le Vespera II, où les bras de la galaxie étaient rognés. Avec le Vespera Pro, chaque astre trouve sa place.

Le ciel nocturne comme vous ne l’avez jamais vu

Je n’entrerai pas dans le détail de l’utilisation du Vespera Pro, puisque cela reste identique à celle du Vespera II. L’application Singularity, disponible sur iOS et Android, n’a pas vu de nouvelles fonctionnalités depuis, voici donc un lien où vous pourrez en apprendre davantage. (spoiler : son utilisation est très simple).

Galaxies et nébuleuses

Concentrons-nous donc sur les photos, et croyez-moi, le résultat est époustouflant. Il s’agit tout simplement des meilleurs résultats que j’ai pu observer sur un télescope connecté. Il n’est pas possible de comparer cela à une véritable astrophotographie, mais Vaonis s’approche certainement le plus de ce qui se fait de mieux dans ce domaine. Les clichés sont nets, détaillés, colorés, et les amateurs d’astronomie savent à quel point il faut de patience pour obtenir une belle photo de la manière traditionnelle. Avec le Vespera Pro, on attend simplement le temps recommandé par l’application, variant de 10 minutes à 2 heures, et le tour est joué : vous obtenez des galaxies fascinantes et colorées.

J’ai commencé avec des galaxies éloignées, apparaissant assez petites sur les images, mais le résultat est d’autant plus impressionnant sachant la taille du Vespera Pro. J’ai ensuite souhaité photographier les objets que j’avais déjà capturés avec le Vespera II, notamment NGC 6960, la Nébuleuse du Voile. C’était la plus belle photo réalisée lors de ce test en 2024, et je voulais voir si le Vespera Pro pouvait faire mieux. La réponse est oui ! Voici la comparaison :

Les détails sont plus saisissants et les couleurs plus vives, me faisant redécouvrir cette nébuleuse sous un nouveau jour. Ce n’est d’ailleurs pas le seul exemple. La galaxie du Tourbillon est particulièrement captivante à observer, montrant la fusion de deux galaxies. J’avais également capturé cette image avec le Vespera II l’année précédente et, là encore, les détails et la profondeur sont améliorés, offrant un aspect moins lissé.

En comparaison, les modèles Unistellar, avec leurs eVscope et Odyssey, sont en retrait sur la qualité d’image, même si leurs objectifs sont différents. Unistellar vise une observation rapide et facile, tandis que Vaonis s’efforce de se rapprocher de l’astrophotographie amateur de haut niveau. Cela implique parfois d’attendre plus de deux heures pour un seul cliché, alors qu’avec Unistellar, on aurait pu observer plusieurs objets célestes en ce laps de temps.

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La Galaxie du Tourbillon prise avec l’Unistellar Odyssey Pro.

Avec ou sans filtre ?

Comme mentionné plus haut, trois filtres sont disponibles. Le filtre anti-pollution est moins indispensable, tandis que le filtre à double bande (vendu séparément pour 399 euros) est essentiel pour que vos photos de nébuleuses révèlent leur plein potentiel. Voici deux exemples, dont le dernier est particulièrement révélateur :

Pour la nébuleuse d’Orion, le léger regain de couleurs est attendu, car il s’agit de la nébuleuse la plus lumineuse de l’hémisphère nord, observable même avec des jumelles. En revanche, pour la Nébuleuse de l’Amérique du Nord, la différence est frappante. Le filtre permet de rendre le nuage de gaz beaucoup plus visible, avec un effet plus texturé.

En résumé, l’écart est saisissant, mais notez que le filtre double bande est uniquement utile pour les nébuleuses. D’autres amas d’étoiles et galaxies n’en ont pas besoin pour être bien visibles avec le Vespera Pro. Pour le plaisir, voici d’autres images prises avec le filtre.

Le dernier filtre est destiné à l’observation solaire, permettant de voir les taches solaires lors des éjections de masses coronales (causant les aurores boréales en France récemment). Il peut également produire de belles photos lorsque des nuages passent devant le soleil.

Quid des planètes et de la Lune ?

Tout comme le Vespera II, cette version Pro ne brille pas dans le domaine des photos de planètes. Bien qu’on puisse les sélectionner dans l’application, les images se réduisent à un amas de pixels, où les anneaux de Saturne sont à peine discernables, comme sur la photo ci-dessous. Pour l’observation des planètes, Unistellar reste nettement meilleur.

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La planète Saturne avec le Vespera Pro

Concernant la Lune, des améliorations se font sentir grâce au nouveau capteur du Vespera Pro. Je n’ai pas eu l’occasion de capturer une image complète de notre satellite naturel, mais sur un croissant, les détails sont bien visibles sur les bords, tandis que le modèle précédent produisait des clichés trop lissés.

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La Lune avec le Vespera Pro

Il m’entraîne, au bout de la nuit…

L’autonomie était l’un des points faibles du Vespera II. Si utilisé loin d’une prise de courant et sans batterie externe, il ne tenait qu’un peu plus de 3 heures, ce qui correspondait à 2 à 6 photos au maximum, selon le temps requis pour chaque astre. C’est peu et cela laisse souvent sur sa faim, surtout quand les conditions de seeing prolongent le délai de capture.

Avec le Vespera Pro, ce problème est résolu, offrant une batterie de 11 heures, selon le constructeur. J’ai lancé l’observation à 22h, après avoir planifié dans l’application, et il s’est éteint le lendemain matin vers 7h, soit environ 9 heures, un résultat excellent. Ce, tout en maintenant les mêmes dimensions et poids. L’autonomie peut cependant varier d’une nuit à l’autre en fonction de la température.

Cependant, le chargeur n’est pas fourni avec la mallette, ce qui est sans doute le seul accessoire manquant. Vous devrez donc en procurer un, avec un câble USB-C. J’ai utilisé un chargeur standard de 30 W, qui a permis de récupérer environ 30 % d’autonomie en une vingtaine de minutes.

Prix et disponibilité

Le Vespera Pro est commercialisé au prix de 2 790 euros avec sa mallette et tous ses accessoires, ce qui représente environ 1 000 euros de plus que le Vespera II. Il faut également prévoir quelques centaines d’euros supplémentaires pour les filtres nécessaires.