Safer Internet Day : « Protéger les jeunes des dérives de l’IA, c’est le job des parents », milite un expert
Fin du Sommet de l’IA à Paris ce mardi 11 février, et début du Safer Internet Day 2025. Organisée par Internet Sans Crainte et se déroulant jusqu’à fin mars, cette 22e édition ouvre une nouvelle période de sensibilisation des jeunes, des familles, ainsi que de la communauté éducative, aux usages du numérique. Avec, cette année, un thème fédérateur venant faire écho à l’actualité : « L’IA et nous, quel futur ensemble » ?
Alors qu’une étude NordVPN révèle que près de trois adolescents sur cinq ont déjà été exposés à du contenu inapproprié, comment profiter du « Safer Internet Day » pour sécuriser les vies numériques de nos jeunes ?
Contenus inappropriés et deepfakes
Cybersécurité, contenus inappropriés, intelligence artificielle, deepfakes… le chantier est énorme pour sensibiliser les jeunes à une bonne pratique des usages du numérique. Le « Safer Internet Day » est l’occasion, à la maison, comme à l’école, d’ouvrir les discussions. Et il y a urgence. Une étude NordVPN confirme les craintes que l’on a tous : près de trois adolescents (âgés de 10 à 17 ans) sur cinq ont été exposés à des contenus appropriés et un adolescent sur cinq a visité un site publiant du contenu à caractère sexuel.
![80% des adolescents auraient déjà été confrontés à des images à caractère sexuel sans en avoir effectué la recherche.](https://1001infos.net/wp-content/uploads/2025/02/safer-internet-day-proteger-les-jeunes-des-derives-de-lia-cest-le-job-des-parents-milite-un-expert.jpg)
« Le pire est que 20 % seulement de ces jeunes avaient sollicité ce contenu », constate Cyril Polac directeur France de NordVPN, fournisseur de VPN (pour Virtual Private Network), des réseaux virtuels qui protègent les connexions Internet.
Parallèlement, une autre étude, menée par Milan Presse et l’institut CSA, rappelait il y a peu que 60 % des ados avaient déjà vu « quelque chose qui ne semblait pas vrai ». 79 % d’entre eux s’avouaient insuffisamment informés pour s’en protéger…
Pour Cyril Polac, « le gros sujet reste le rôle des parents, ce qu’ils vont pouvoir mettre en place et inculquer aux adolescents. C’est véritablement leur job, leur travail ». Et l’IA ne vient rien arranger, notamment avec ces deepfakes, ces fausses vidéos plus réelles que nature. Amusantes, lorsqu’elles parodient le président de la république. Dramatiques, lorsqu’elles détournent le visage d’une adolescente pour le coller sur le corps d’actrices dans des vidéos pornos… Dialogue et pédagogie, doivent plus que jamais s’inviter dans les familles.
Des kits accessibles à tous gratuitement
Si l’on se sent un peu dépourvu, des kits accessibles (gratuitement) aux enseignants et aux animateurs peuvent être consultés et téléchargés par tous. Des jeunes en classe de CE2 aux lycéens, on y retrouve le B.A.-BA pour aborder des thématiques telles que « la valeur des données personnelles et l’importance de les protéger », ou encore « chercher, identifier et organiser l’information ».
Certes, nous ne sommes pas forcément tous calés pour argumenter autour de sujets qui, à nous aussi, peuvent encore paraître un peu complexes. Après tout, ne sommes-nous pas également confrontés au vol de nos données personnelles, à des sites frauduleux dont nous apprenons pas à pas à nous méfier ?
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L’IA pour se protéger… de l’IA
Mais paradoxe si l’on sèche un peu, il est possible de demander à des IA comme ChatGPT, Gemini, ou Perplexity de nous aider : « comment protéger un ado des deepfakes ? ». Les réponses s’avèrent généralement pertinentes, comme Gemini, qui préconise d’expliquer à son ado « comment protéger son image en évitant de partager des photos en ligne ou des vidéos intimes qui pourraient être utilisées pour créer des deepfakes ». Perplexity invite de son côté à développer un « scepticisme sain » devant certaines images, autrement dit, « une attitude critique face aux contenus sensationnels ou choquants en ligne ».
Et méfiance face à certaines plateformes, comme omegles.cc qui permet aux jeunes (ayant « officiellement plus de 18 ans » !), de parler à des inconnus en vidéo : « avec l’IA, qu’est-ce qui leur garantit qu’en face d’eux se trouve réellement la personne qu’ils voient ? », interroge Cyril Polac directeur France de NordVPN.
Limiter (aussi) le temps d’écran
Cyril Polac milite d’ailleurs pour la mise en place d’outils permettant de restreindre autant que faire se peut l’usage d’Internet et des réseaux sociaux par le plus jeunes. « Sous iOS, il y a Temps d’écran, et Google Family Link sous Android. Certes, cela reste, aussi, une forme de restriction, mais également la possibilité d’ouvrir le dialogue avec l’adolescent, lui expliquer ce pour quoi on essaie de le protéger, en organisant, ensemble les restrictions de ses usages ».
L’occasion aussi, de l’inviter à « lever les yeux », comme le préconise fort justement le documentaire de Gilles Vernet, dans lequel un professeur des écoles qui a pris le taureau par les cornes pour démontrer à ses élèves qu’ils peuvent reprendre le contrôle de leur temps d’écran (qu’il a évalué à 6 heures par jour dans sa classe !). « Et si on levait les yeux ? » est à voir sur YouTube.
![Le film «Et si on levait les yeux?» souligne le rôle primordial de l'éducation des enfants pour faire le meilleur usage possible des écrans.](https://1001infos.net/wp-content/uploads/2025/02/safer-internet-day-proteger-les-jeunes-des-derives-de-lia-cest-le-job-des-parents-milite-un-expert-1.jpg)
Mieux vaut donc anticiper auprès de ses enfants, dès les premières connexions à Internet et dès le premier smartphone. Et puis, selon Cyril Polac, « il conviendra ensuite de réévaluer avec eux, au fil de leur maturité, les paramètres à mettre ou pas en place. Si au début, ils ne connaissent pas les risques, au bout d’un an ou deux, ils deviennent beaucoup plus aguerris ». Ce que l’on appelle l’éducation numérique.