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Rachat de SFR : Bouygues, Free et Orange ne retirent pas leur offre.

Orange, Free et Bouygues Telecom ont remis mercredi soir leur offre de rachat conjointe de SFR, écartée plus tôt dans la matinée par Altice France. La maison mère de SFR a vu sa dette passer de plus de 24 milliards à 15,5 milliards d’euros début octobre, lui permettant de se rapprocher d’une « situation financière assainie ».


Orange, Free et Bouygues Telecom ont réitéré mercredi soir leur proposition conjointe de rachat de SFR, qui avait été rejetée plus tôt dans la journée par Altice France, la maison mère de SFR. Ce nouveau développement ouvre la voie à des négociations et à la possibilité de réduire le nombre d’opérateurs de quatre à trois.

Bouygues Telecom, Orange et Iliad (Free) avaient présenté mardi une offre inédite pour acquérir « la plupart des actifs de l’opérateur SFR » pour un montant de 17 milliards d’euros. Bien que cette offre ait été « immédiatement rejetée » par Altice France, les acheteurs potentiels ont exprimé mercredi leur conviction quant à la pertinence de leur proposition, en maintenant leur offre et en souhaitant établir un dialogue constructif avec le Groupe Altice et ses actionnaires afin d’explorer les voies de prospérité pour ce projet.

### Une offre jugée relativement basse

Le rachat, dont la réalisation pourrait prendre plusieurs mois, voire des années, devra d’abord faire l’objet d’un consensus sur le montant. Avant le rejet d’Altice France mercredi matin, plusieurs analystes bancaires avaient décrit l’offre comme relativement basse. Selon une note de la banque UBS, le prix de rachat de 17 milliards d’euros, qui, selon les concurrents, élèverait la valeur totale d’Altice France à 21 milliards d’euros, est « juste en deçà » de la valorisation moyenne dans le secteur.

« Évidemment, le prix est bas, puisque de toute façon, dans la négociation, il va monter », remarque Sylvain Chevallier, analyste télécoms et associé au cabinet de conseil Bearing Point, tout en qualifiant cette offre de « tout à fait crédible. »

### « Situation financière assainie »

La dette d’Altice France est passée de plus de 24 milliards à 15,5 milliards d’euros début octobre, écartant le risque d’une crise de la dette. Cette opération a permis à la société de se retrouver dans « une situation financière assainie », avec « une situation opérationnelle et commerciale très largement améliorée » et des « actifs uniques », a affirmé son PDG, Arthur Dreyfuss, fin septembre.

Bien que Bouygues Telecom, Free et Orange aient insisté sur leur volonté de « préserver un écosystème concurrentiel au bénéfice des consommateurs », le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a déclaré mercredi qu’il resterait attentif à cette opération. « Je vais être extrêmement vigilant sur cette opération, parce qu’aujourd’hui […] en France, on a les prix des téléphones mobiles, des abonnements, parmi les moins chers d’Europe », a-t-il indiqué sur RTL.

Du côté des syndicats, qui craignent depuis plusieurs mois un « projet de démantèlement » de l’opérateur employant 8.000 salariés, le refus de l’offre n’a pas apaisé les préoccupations. La CFDT, en collaboration avec le syndicat Unsa et le CSE du groupe, a fait appel de la validation par la justice du plan de sauvegarde accélérée d’Altice France, une audience étant prévue pour le 4 novembre.